Le pack égyptien : vol, traitement de l'hépatite C, examens et tourisme pour 6 000 euros

30/09/2017 Par Catherine le Borgne
International

L'Egypte est devenu destination mondiale pour les patients en quête de traitement contre l'hépatite C. La raison : une négociation très avantageuse avec le laboratoire Gilead, qui a permis à ce pays de produire dès 2015, du Sovaldi à très bas prix, entreprenant ainsi de traiter un fléau qui ravageait sa population. Ce qui lui permet aussi de pratiquer le tourisme médical à grande échelle, pour les patients du monde entier.

L'Égypte a longtemps abrité le niveau de prévalence de l'hépatite C le plus élevé au monde, une épidémie déclenchée dans les années 1950 à cause d'un programme national de vaccinations massives avec des seringues non stérilisées. "Quasiment toutes les familles égyptiennes sont touchées", assure à l'AFP Henk Bekedam, responsable à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans un rapport de 2014 consacré à cette maladie qui a provoqué la mort de 40.000 Égyptiens par an. Depuis 2006, l'Égypte mène des enquêtes sur la propagation de l'épidémie et négocie des bas prix pour importer des médicaments. Première avancée : l'entreprise pharmaceutique américaine Gilead a développé le Sovaldi, médicament approuvé par la FDA en 2013. L'Egypte a réussi à négocier une réduction du prix de ce traitement onéreux, estimé à 84.000 dollars, ou 1.000 dollars pour un comprimé. Le Comité national pour le contrôle de l'hépatite virale a ensuite mis en place un site internet pour l'enregistrement des patients qui a connu un succès immédiat. "Le premier jour, nous avions 100.000 patients (...) et la semaine suivante 50.000 par jour", indique Manal Hamdy el-Sayed, membre fondateur du comité. Un nouveau cap a été franchi lorsque l'Egypte a lancé en 2015 la production de ce médicament sur son propre sol, réduisant encore le prix du traitement à 1.485 livres (environ 70 euros), rapporte le directeur exécutif du comité Kadry al-Saïd. De son côté, une société égyptienne, Tour N'Cure, a profité du bas prix du traitement pour attirer les patients venant de pays où le médicament reste inabordable. Pour 7.000 dollars (environ 5.900 euros), elle offre le vol, un séjour d'une semaine, des tests sanguins et un traitement, et même cinq jours consacrés au tourisme en Egypte. Cette société affirme que cette somme représente 8% environ du prix du traitement seul appliqué ailleurs, comme aux Etats-Unis. Les patients repartent chez eux avec un suivi médical et le reste des médicaments en poche. "Nous soignons des patients originaires de presque tous les pays", assure Mostafa el-Sayed, directeur général de Tour N' Cure, propriété de la compagnie pharmaceutique égyptienne Prime Pharma. "Le traitement a fonctionné dès les cinq premiers jours", se réjouit Mirel Dâmboiu, un Roumain de 59 ans, venu en Egypte sur les conseils de sa famille. Mirel Dâmboiu réalisera un dernier cycle de traitement en septembre, avant une batterie de tests. Avec ce nouveau traitement, "nous n'avons plus peur" de l'hépatite C, explique Mostafa el-Sayed, qui dit cependant s'inquiéter d'une chose : le fait que "des malades n'ont pas conscience d'être infectés". Selon Kadry al-Saïd, le gouvernement est en effet à la recherche de trois millions d'Égyptiens qui seraient porteurs du virus sans le savoir. [Avec l'AFP]

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