Des libéraux proposent d'effacer la dette de l'hôpital public

06/09/2017 Par Fanny Napolier
Syndicalisme

Pour en finir avec la concurrence stérile entre ville et hôpital, les médecins libéraux de la FMF proposent d'effacer la dette de l'hôpital public et de revoir complètement le fonctionnement des urgences.

 "On ne peut pas continuer à se faire la guerre. Nous voulons rendre les armes. La concurrence, c'est fatigant, ça coûte cher et ça ne rend pas service aux patients", a déclaré ce mercredi matin Jean-Paul Hamon, président de la FMF, au sujet des relations ville-hôpital. Pour concrétiser cette paix, il suggère d'effacer la dette de l'hôpital public, d'en finir avec la T2A et de revoir complètement le fonctionnement des urgences. "On propose d'effacer la dette de 29 milliards de l'hôpital", a explicité le généraliste. Pour la FMF, il faut en finir avec l'exigence de rentabilité de l'hôpital public, ce qui évitera un sur-recours aux urgences que les directeurs d'hôpitaux n'ont aujourd'hui aucun intérêt à limiter. "De cette manière on économise trois milliards par an et on éduque les patients au bon fonctionnement de l'hôpital", a ajouté le Dr Claude Bronner, président d'Union généraliste.   Une lettre de médecin pour aller aux urgences   Concrètement le syndicat propose qu'on ne puisse plus entrer aux urgences qu'en ambulance ou avec une lettre d'un médecin, et plus de manière spontanée comme c'est le cas aujourd'hui. En échange, il réclame une revalorisation de l'acte non programmé en ville et offre même une prise en charge en tiers payant intégral pour ces soins, afin d'être à égalité avec l'hôpital. Une idée reprise par le Dr René-Paul Savary, sénateur LR de la Marne qui a remis récemment un rapport sur le désengorgement des urgences où il envisageait le recours au TPG pour les maisons médicales pluriprofessionnelles. "Si le gouvernement a la volonté d'agir, il faut effacer la dette. Nous, nous avons les outils pour mettre en place le virage ambulatoire", a assuré Jean-Paul Hamon en s'appuyant sur quatre initiatives : une plateforme de coordination de soins primaires baptisée Entr'Actes dans l'Essonne, la HAD libérale mise en place à Lorient, la plateforme de télémédecine Telemedica, et la messagerie sécurisée Apycript qui regroupe déjà 70 000 médecins.   Réduction des actes et prescriptions inutiles   "Emmanuel Macron a écrit un livre qui s'appelle Révolution, il faut s'y mettre", a ironisé Jean-Paul Hamon. "Le pognon, on l'a. Ce qu'il manque, c'est la volonté politique", a-t-il martelé. Dans le détail, et pour éponger la dette de 29 milliards de l'hôpital public, la FMF compte sur la CRDS (contribution à la réduction de la dette sociale), sur une réduction des actes et prescriptions inutiles, les examens redondants et certains médicaments type Alzheimer. Une lettre ouverte a été adressée à Agnès Buzyn sur ces sujets. Par ailleurs, Jean-Paul Hamon a mis en garde contre le développement des prises de rendez-vous en ligne. "Les informations que les patients donnent pour prendre rendez-vous sont une source colossale de données qui peuvent être vendues", s'est alarmé le syndicaliste. Reconnaissant l'utilité de la prise de rendez-vous en ligne, le président de la FMF a indiqué que l'idée d'une plateforme alternative était à l'étude. "Les médecins doivent monter un système de prise de rendez-vous pour stocker les données chez des maniaques de la sécurité et de la confidentialité, comme Apycript par exemple", a détaillé le généraliste. Concernant l'installation des jeunes médecins, le Dr Hamon a relevé que 20% des jeunes diplômés ne s'installent pas. Pour les encourager, il propose de leur offrir pendant trois ou cinq ans une couverture sociale identique à celle d'un salarié. Enfin, très remontée sur la question de la CSG, la FMF et l'ensemble des syndicats demande à être reçus par Nicolas Revel, Agnès Buzyn et au ministère de l'économie. "Nicolas Revel avait promis une compensation sur l'ASV. Nous on refuse, indique Jean-Paul Hamon. Si on lie notre sort fiscal à l'ASV, on ne sera pas à l'équilibre. Si ce système devait se maintenir, les médecins ne resteraient pas sans réagir. C'est le premier bug de communication du gouvernement, et il n'est pas mince."

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