Les symptômes vasomoteurs sont très vraisemblablement liés, d’après des études récentes, aux neurones KNDy, des neurones répondant aux estrogènes présents dans le noyau arqué de l’hypothalamus, et qui co-expriment la kisspeptine, la neurokinine B et la dinorphine. Ces neurones KNDy se projettent dans les régions thermo-régulatrices de l’aire médiane pré-optique du cerveau et jouent aussi un rôle important dans la régulation de la pulsatilité de la GnRH qui contrôle la sécrétion des hormones reproductives. Q-122 est un nouveau médicament administrable par voie orale, non hormonal, qui semble réduire la fréquence de l’activation des neurones KNDy par un mécanisme différent des antagonistes du récepteur 3 de la neurokinine, des médicaments dont on a récemment démontré qu’ils étaient également actifs sur ces neurones. Une équipe australienne a mis en place une étude multicentrique, randomisée, en double insu versus placebo, de preuve de concept, de phase 2, dans 18 sites en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis. Les participantes étaient des femmes de 18 à 70 ans qui prenaient une dose stable de tamoxifène ou d’inhibiteur de l’aromatase après un cancer du sein et qui se plaignaient d’au moins 50 symptômes vasomoteurs modérés à sévères par semaine. Les participantes ont reçu de manière randomisée soit 100 mg de Q-122 deux fois par jour pendant une semaine, soit du placebo. La randomisation était stratifiée en fonction de l’IMC et de l’utilisation d’un inhibiteur de la recapture sélective de la sérotonine, d’un inhibiteur de la recapture sélective de la norépinéphrine, de gabapentine ou de prégabaline (médicaments donnés pour réduire les bouffées de chaleur). Entre 2018 et 2020, 243 patientes ont été screenées, 131 ont été assignées de manière randomisée et ont reçu pour 65 d’entre-elles le Q-122 et pour 66 le placebo. Le Q-122 s’est accompagné d’une réduction significativement supérieure du pourcentage moyen de symptômes vasomoteurs évalués par le « score de sévérité des symptômes vasomoteurs » entre la valeur basale et après 28 jours de traitement en comparaison du placebo : réduction de 39 % (IC 95 % = - 46 à – 31), en comparaison du placebo – 26 % (- 33 à – 18) (p = 0.018). Les effets secondaires étaient généralement faibles à modérés et similaires dans les deux groupes. En conclusion, le Q-122 semble un traitement oral non hormonal efficace et bien toléré dans les symptômes vasomoteurs chez les femmes prenant des traitements endocriniens adjuvants pour un cancer du sein. Il semble donc légitime de mettre en place des études sur un nombre plus important de patientes et sur une durée plus longue. Ultérieurement, des études chez les femmes ménopausées pourraient aussi être utiles pour proposer ces traitements en alternative au traitement hormonal de la ménopause.
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