Le cagrilintide, un analogue de l’amyline, utile dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité

16/12/2021 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
L’amyline naturelle est une hormone pancréatique capable d’induire une satiété. Un analogue de longue durée d’action de l’amyline, le cagrilintide, est actuellement étudié pour son intérêt éventuel dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité.

Dans un numéro tout récent du Lancet est parue une analyse dose-réponse des effets sur le poids du cagrilintide ainsi que de sa sécurité et sa tolérance. Il s’agissait d’une étude randomisée, multicentrique, en double insu versus médicament actif, de phase 2, menée dans 57 sites (hôpitaux, cliniques de spécialistes et centres de soins primaires) dans 10 pays. Les participants avaient au moins 18 ans, n’avaient pas de diabète, avaient un IMC d’au moins 30 kg/m2 ou avaient un IMC d’au moins 27 kg/m2 associé à une hypertension et une dyslipidémie. Ils étaient assignés de manière randomisée à des auto-injections sous cutanées de cagrilintide 1 fois par semaine (à la dose de 0.3, 0.6, 1.2, 2.4 ou 4.5 mg) ou bien à un traitement par liraglutide quotidien à la dose de 3 mg ou à un placebo. L’étude a duré 26 semaines avec une période d’augmentation de la dose pendant 6 semaines, puis une période de suivi de 6 semaines sans traitement. Le critère d’évaluation principal était la variation en pourcentage du poids entre la valeur initiale, basale, avant traitement et la valeur à la 26ème semaine. Entre mars et août 2019, 706 participants ont eu soit du cagrilintide de 0.3 à 4.5 mg (100 à 102 personnes par groupe de dose), 99 ont reçu du liraglutide 3 mg et 101 du placebo. Un arrêt permanent du traitement (73 patients, soit 10 %) a été observé de manière similaire dans tous les groupes de traitement, principalement du fait d’effets secondaires (n = 30, soit 4 %). En tout, 29 participants (4 %) sont sortis de l’étude. La réduction moyenne, en pourcentage, du poids à partir de la valeur basale était supérieure avec toutes les doses de cagrilintide, allant de 6 % pour 0.3 mg à 10.8 % pour 4.5 mg, soit une perte de 6.4 à 11.5 kg, en comparaison du placebo (réduction moyenne en pourcentage du poids de 3 %, soit 3.3 kg), ce qui donne une différence estimée liée au traitement allant de 3 à 7.8 % (p < 0.001). La réduction du poids était aussi supérieure avec le cagrilintide 4.5 mg en comparaison du liraglutide 3 mg (10.8 %, soit 11.5 kg versus 9 %, soit 9.6 kg) donnant une différence estimée entre les traitements de 1.8 % (p = 0.03). Les effets secondaires les plus fréquents étaient les troubles gastro-intestinaux (nausées, constipation et diarrhée) et des réactions aux points d’injection. La plupart des participants recevant le cagrilintide allant de 0.3 à 4.5 mg avaient des effets secondaires gastro-intestinaux en comparaison du placebo (41 à 63 % versus 32 %), principalement des nausées (20 à 47 % versus 18 %). En conclusion le traitement avec le cagrilintide chez les patients en surpoids ou obèses permet une réduction significative du poids et est bien toléré. Cette molécule est donc probablement intéressante à développer avec un nouveau mécanisme d’action dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité.

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