Un groupe d’épidémiologistes français rapporte dans le BMJ les données provenant du SNDS, le système national des données de santé, recueillies entre 2007 et 2015. Les données ont été utilisées pour évaluer le risque de méningiome associé à l’utilisation de doses élevées d’acétate de cyprotérone, un progestatif donné pour traiter l’hyperandrogénie clinique. Il s’agissait d’une étude de cohorte observationnelle. 253 777 filles et femmes âgées de 7 à 70 ans, vivant en France, qui ont démarré l’acétate de cyprotérone entre 2007 et 2014, ont servi de base à cette étude. Les participantes avaient au moins un remboursement d’acétate de cyprotérone à forte dose mais n’avaient pas d’antécédent de méningiome, de tumeur bénigne ou de maladie chronique. Elles étaient considérées comme exposées lorsqu’elles avaient reçu une dose cumulative d’au moins 3 g au cours des 6 premiers mois (139 222 participantes) et très peu exposées (groupe témoin) lorsqu’elles avaient reçu une dose cumulative de moins de 3 g (114 555 participantes). 10 876 participants transgenre ont également été inclus dans une analyse additionnelle. Globalement, dans le groupe exposé (au cours de 289 544 personnes/année de suivi), 69 méningiomes ont été opérés ou traités par radiothérapie, à comparer à 20 méningiomes dans le groupe témoin (au cours de 439 949 personnes/année de suivi). L’incidence des méningiomes était de 23.8 pour 100 000 personnes/année dans le groupe exposé à une dose forte et de 4.5 pour 100 000 personnes/année dans le groupe peu exposé (risque relatif absolu = 5.2 ; IC 95 % = 3.2 à 8.6 ; hazard ratio ajusté = 6.6 ; 4 – 11.1). Le hazard ratio ajusté pour une dose cumulée d’acétate de cyprotérone de plus de 60 g était de 21.7 (10.8 à 43.5). Après arrêt de l’acétate de cyprotérone pendant 1 an, le risque de méningiome dans le groupe exposé n’était plus qu’1.8 fois supérieur (1 à 3.2) à celui du groupe témoin. Dans une analyse complémentaire, 463 femmes ayant un méningiome ont été observées parmi 123 997 femmes utilisant déjà de l’acétate de cyprotérone en 2006 (risque de 383 pour 100 000 personnes/année dans le groupe ayant l’exposition la plus élevée en termes de doses cumulées). Les méningiomes étaient plutôt localisés dans la partie antérieure et dans la partie médiane de la base du crâne, particulièrement dans le tiers moyen de la base du crâne (région sphéno-orbitale), ce qui semble caractériser un site plus spécifique des méningiomes secondaires à l’acétate de cyprotérone. Une analyse complémentaire des participants transgenres montre un risque élevé de méningiome (3 pour 14 460 personnes/année, soit 20.7 pour 100 000 personnes/année). En conclusion, cette étude confirme une association forte, dose-dépendante, entre l’utilisation de doses élevées d’acétate de cyprotérone (25 ou 50 mg par jour) et la survenue d’un méningiome traité par chirurgie ou radiothérapie. Une réduction notable du risque est observée après arrêt du traitement.
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