Risque de méningiome : restriction d’utilisation pour des médicaments progestatifs

12/01/2021 Par Marielle Ammouche
Gynécologie-Obstétrique

L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de mettre à jour ses recommandations concernant l'utilisation des médicaments progestatifs (acétate de chlormadinone- Lutéran, acétate de nomégestrol-Lutényl, et leurs génériques), qui doit désormais être restreinte à certaines indications, du fait du surrisque de méningiome qu’ils entrainent. La durée de prescription doit être la plus courte possible et son indication doit être réévaluée "au minimum tous les ans", indique l’ANSM. Ces traitements étaient utilisés par plus de 400.000 femmes en 2019 pour troubles menstruels ou de la ménopause et l'endométriose. Ces recommandations, qui se substituent à celles, provisoires, de juin 2020, portent en particulier sur les situations dans lesquelles le rapport bénéfice-risque de ces traitements est favorable ainsi que sur la surveillance des patientes par imagerie cérébrale (examen par IRM). Ainsi, quand les alternatives ont échoué ou sont contre-indiquées, ces médicaments peuvent être prescrits dans certains cas comme les hémorragies fonctionnelles liés aux fibromes en pré-opératoire ou à d'autres origines, en cas des mastopathie sévère ou d’endométriose. En revanche, ces traitements ne doivent plus être prescrits notamment comme contraception, ni pour les troubles de la ménopause, relève auprès de l'AFP la Dr Isabelle Yoldjian, cheffe du pôle gynécologique de l'ANSM. D'autant que des alternatives thérapeutiques existent et que le risque augmente déjà avec l'âge, indépendamment de tout traitement. De même, "les irrégularités du cycle, c'est-à-dire quand une femme qui a des cycles pas tout à fait réguliers, ou quand elle a mal au ventre pendant ses règles, sont des indications qu'il ne faut plus légitimer ", ajoute-t-elle. Avec ces recommandations, la tendance à la baisse de la vente de ces médicaments devrait s'accentuer, note-t-elle. En outre, selon la mise à jour, la surveillance par IRM doit être réalisée quel que soit l'âge de la patiente à tout moment pendant ou après le traitement si elle a des signes évocateurs de méningiomes (maux de tête fréquents, troubles de vision, du langage, vertiges...) et plus seulement à partir de 35 ans. Si le traitement est poursuivi, des IRM sont prévues. Ces médicaments sont déjà contre-indiqués en cas d'existence ou d'antécédents de méningiome. Le traitement devant être arrêté immédiatement et définitivement en cas de diagnostic de cette tumeur. Une réunion du comité d'experts se tiendra le 22 janvier pour discuter des documents d'information destinés à accompagner ces recommandations. Le risque de méningiome, confirmé par une vaste étude épidémiologique publiée en juin 2020, augmente avec les fortes doses et un traitement de longue durée. Une mise en garde sur ce risque possible était intervenue en février 2019 plusieurs mois après des mesures d'encadrement drastique pour les mêmes raisons envers l'acétate de cyprotérone (Androcur et ses génériques).

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