L’hyperthyroxinémie dysalbuminémique familiale est une maladie génétique à transmission dominante qui est due à la présence d’une albumine circulante mutante dont l’affinité pour les hormones thyroïdiennes est modifiée. C’est une cause connue d’élévation artéfactuelle des hormones libres thyroïdiennes chez les patients qui, en fait, sont parfaitement euthyroïdiens. Les bases moléculaires de cette dysalbuminémie familiale sont des mutations hétérozygotes dans le gène de l’albumine, au niveau du codon 218, qui changent, dans la protéine, une arginine en histidine. Ce variant d’albumine R218H est le plus fréquent des dysalbuminémies familiales hyperthyroxinémiques avec une prévalence de 1 pour 10 000 chez les caucasiens mais pouvant survenir à une fréquence de 1 % chez les hispaniques. Chez les patients porteurs de cette hyperthyroxinémie familiale dysalbuminémique R218H, les taux de T4 totaux sont 2 à 3 fois supérieurs à la normale, avec des taux de T3 totale normaux ou faiblement augmentés, reflet de la liaison de l’albumine 10 fois supérieure à la T4 et 5 fois supérieure à la T3. La plupart des laboratoires mesurant les hormones thyroïdiennes avec des dosages automatisés immunométriques indiquent des taux faussement élevés de T4 libre alors que les patients sont en fait euthyroïdiens. Une équipe européenne internationale a évalué la susceptibilité à l’hyperthyroxinémie familiale dysalbuminémique (HFD) R218H de la plupart des méthodes de dosage immunométrique des hormones thyroïdiennes libres utilisées au Royaume-Uni et en Europe. A l’exception du dosage Ortho VITROS, les mesures de T4 libre sont trouvées augmentées dans tous les dosages réalisés chez les patients présentant une HFD R218H avec une sensibilité à l’interférence variable (du dosage le plus susceptible à l’interférence au dosage le moins susceptible : Beckman ACCESS > à Roche ELECSYS > FUJIREBIO Lumipulse > à Siemens CENTAUR > Abbott ARCHITECT > Perkin-Elmer DELFIA. Cinq dosages différents donnent des dosages de T3 élevés, la méthode CENTAUR Siemens trouvant des dosages de T3 élevés dans 30 % des cas. Il faut noter qu’en fonction de la méthode de dosage utilisée, les mesures de T4 pouvaient être normales pour certaines alors que la mutation génétique était confirmée et pouvaient toucher les membres de la famille des cas index de FDH. En conclusion, tous les dosages de T4 libre évalués sont susceptibles de produire une interférence en cas d’hyperthyroxinémie familiale dysalbuminémique R218H avec une susceptibilité très variable qui n’est pas liée au design du dosage mais plus aux conditions différentes de dosage ou à la composition du tampon. De plus, certains dosages de T3 sont également susceptibles de produire une intereférence pouvant conduire à des résultats associant une T4 libre et une T3 libre élevées sans freinage de la TSH, pouvant donc conduire à un faux diagnostic de résistance aux hormones thyroïdiennes ou d’adénome hypophysaire à TSH et donc à des investigations inutiles et à un traitement inapproprié. En cas de T4 et de T3 élevées avec une TSH non freinée, parmi les artéfacts de dosage, surtout chez les patients qui semblent euthyroïdiens cliniquement, il faut donc bien penser à cette hyperthyroxinémie familiale dysalbuminémique.
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