Pour en avoir le cœur net, des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’APHP, de l’Inserm et de l’Université de Paris, ont conduit une étude sérologique, PED-Covid, du 1er mars au 1er juin 2020 dans 7 hôpitaux d’Ile-de-France, auprès de 775 enfants (de 0 à 18 ans). 36 d’entre eux présentaient un syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki. Les anticorps et leur capacité neutralisante contre le Sars-CoV-2 ont été analysé, de même que ceux dirigés contre les quatre coronavirus saisonniers (NL63, HKU1, 229E, OC43) pour un sous-ensemble de patients séropositifs pour le virus Sars-CoV-2 avec pas (ou peu) de symptômes, et pour des patients hospitalisés pour le syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki.
Les analyses ont permis d’établir que la prévalence du Sars-Cov-2 était globalement en augmentation au cours de l’étude pour atteindre 27% chez les patients avec pas (ou peu) de symptômes. Près de 7 de ces enfants sur 10 (69,4%) n’avaient jamais eu de symptômes évocateurs d’infection. Les anticorps neutralisants ont, eux aussi, augmenté au cours du temps, retrouvés en moyenne chez 56 % des enfants séropositifs, mais jusqu'à 100% en fin d’étude, à 2 mois du pic de l’épidémie. Parmi les enfants présentant un syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki, plus de 2/3 étaient séropositifs pour le virus Sars-CoV-2 En outre, l’étude confirme la grande fréquence des virus saisonniers puisque les anticorps aux autres coronavirus ont été détectés chez 67 à 100 % des enfants (en fonction des virus). Cependant, les taux retrouvés sont apparus similaires que les enfants soient positifs ou négatifs au Sars-CoV-2, et qu’ils présentent une forme sévère ou non de la maladie Covid.
Ces résultats suggèrent que les enfants font des formes de Covid-19 souvent pas (ou peu) symptomatiques et développent des anticorps le plus souvent neutralisants. « L'infection par les coronavirus saisonniers n'offre pas une protection significative contre l'infection par le virus Sars-CoV-2 et les autres maladies associées comme le syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki » commente Marc Eloit (Institut Pasteur), auteur principal de l’étude. Cette étude confirme la très grande fréquence et le taux important d’anticorps contre les coronavirus saisonniers dans la population générale, ce qui n’empêche pourtant pas les infections par ces virus chaque hiver. « Si le virus de la Covid-19 se comporte comme les coronavirus saisonniers, cette observation interroge sur la capacité de la population à atteindre un niveau d’immunité suffisant pour empêcher la réapparition régulière de la maladie » conclut Marc Eloit.
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