La crainte des hypoglycémies est l’obstacle principal à l’optimisation de l’insulinothérapie chez les diabétiques de type 1. Ces patients préfèrent adhérer à des cibles glycémiques moins strictes que de subir des hypoglycémies sévères alors même que le traitement intensif du diabète permet d’améliorer les complications chroniques. Les fluctuations importantes de la glycémie quotidienne semblent associées à une fréquence supérieure des hypoglycémies. Quel est donc, entre la glycémie moyenne et la variation glycémique, le meilleur prédicteur de risque d’hypoglycémie ? Afin de répondre à cette question, l’équipe de Louis Monnier à Montpellier a analysé les données de 100 diabétiques de type 1 qui avaient eu une surveillance continue du glucose pendant 2 jours consécutifs, permettant donc de produire 200 profils glycémiques sur 24 heures. Différents paramètres ont été enregistrés : la concentration glycémique moyenne quotidienne, la variabilité glycémique quotidienne (sous forme du coefficient de variation du glucose) et le risque d’hypoglycémie (pourcentage de temps passé sous le niveau glycémique : 3.9 mmol, 3.45 mmol et 3 mmol/l). La glycémie quotidienne moyenne était significativement supérieure et le coefficient de variation du glucose significativement inférieur lorsqu’on comparait le profil glycémique de 24 heures sans aucune hypoglycémie versus le profil glycémique de 24 heures comportant une certaine durée passée en hypoglycémie. Les analyses de régression univariées ont montré que la glycémie quotidienne moyenne et le coefficient de variation étaient les deux variables explicatives du temps passé en hypoglycémie. Le facteur prédictif prédominant pour l’hypoglycémie était le coefficient de variation du glucose lorsque le seuil était à 3 mmol/l. Chez les diabétiques dont la glycémie moyenne était ≤ 7.8 mmol/l, le temps passé à moins de 3 mmol/l était le plus court lorsque le coefficient de variation de glucose était < 34 %. En conclusion, chez les diabétiques de type 1, la variabilité glycémique à court terme, c’est-à-dire le coefficient de variation de la glycémie autour de la glycémie moyenne, explique plus les hypoglycémies que ne le fait la glycémie moyenne seule lorsque l’on prend comme critère d’hypoglycémie le seuil de 3 mmol/l. Pour minimiser les risques d’hypoglycémie, il faut un coefficient de variation du glucose < 34 %. Ainsi, chez un patient qui a déjà un contrôle glycémique satisfaisant en termes de glycémie quotidienne moyenne < 7.8 mmol/l, il faut donc certainement pour prévenir les hypoglycémies, réduire au maximum le coefficient de variation de glucose.
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