Une étude chinoise parue le 20 mars questionne l’importance des symptômes digestifs de Covid-19. Parmi 204 malades du coronavirus choisis au hasard, 48.5% des patients analysés se sont rendus initialement à l’hôpital en raison d’un symptôme digestif (20% en excluant l’anorexie de ces symptômes). Les sujets souffrant de tels troubles ont significativement moins de chance (34.3%) que les autres (60%) de guérir. Alors que l’épidémie de Covid-19 continue de sévir, nos connaissances sur la maladie et ses symptômes progressent. Une publication chinoise parue en pré-publication sur le site de The American Journal of Gastroenterology souligne l’importance des symptômes digestifs chez les malades du Covid-19. Alors que les chiffres chinois officiels, d’après le rapport de la mission de l’OMS en Chine (16-24 février), indiquaient sur 55.924 cas confirmés des troubles digestifs peu fréquents - 5% de nausée et vomissements et 3.7% de diarrhée - , ce n’est pas du tout la conclusion de cette nouvelle publication. La récente étude est basée sur bien moins de personnes : 204 personnes choisies au hasard et confirmées positives au Sars-Cov-2, présentant une pneumopathie vérifiée par scanner thoracique, et soignées dans le Hubei. Parmi ces patients, 99 avaient été admis à l’hôpital suite à au moins un symptôme digestif : 83 faisaient de l’anorexie, 29 avaient la diarrhée, 8 présentaient des vomissements et 4 des douleurs abdominales. Ces symptômes digestifs étaient dans 7 cas les seuls symptômes de la maladie. Parmi les personnes présentant des symptômes respiratoires du Covid-19, 52% présentaient aussi des troubles digestifs. Et ces troubles s’aggravaient durant la maladie. En enlevant l’anorexie, qui n’est pas uniquement liée au système digestif, les auteurs arrivent à 20% de patients qui se sont présentés à l’hôpital avec un symptôme digestif. Une proportion plus de deux fois supérieure aux précédentes estimations chinoises, mais qui cadrent avec les 17% de singapouriens atteints de Covid-19 et les 20-25% de malades du SRAS (virus à 79% identique au Covid-19 ayant sévi en 2002-2003) reportant une diarrhée.
Des symptômes digestifs de mauvais augure… surtout chez les personnes à risque Pire : les personnes atteintes de troubles digestifs (anorexie comprise) avaient significativement moins de chance de guérir que les autres (34.3% contre 60%), et présentaient un délai significativement plus long entre les premiers symptômes et l’admission à l’hôpital : 9.0 jours contre 7.3 jours. En effet, les personnes ayant uniquement des...
symptômes précoces digestifs, non avertis de leur valeur diagnostique du Covid-19, ont pu attendre plus longtemps avant de se faire soigner. Les chercheurs alertent donc sur l’importance des symptômes digestifs du Covid-19 qui ont pu aggraver l’épidémie de trois manières. Premièrement, en entraînant un sous-diagnostic par manque d’intérêt porté à ces symptômes. Deuxièmement, par un diagnostic de la maladie à un stade plus tardif, d’où un pronostic plus incertain. Et troisièmement, par une propagation facilitée du virus dans l’hôpital via des cas non isolés. Attention à ne pas s’affoler cependant : ces résultats ne portaient que sur une cohorte de 204 personnes, dont 36% de malades en état critique au début de l’analyse. 71 personnes (donc 34.8% des sujets de l’étude) étaient toujours à l’hôpital à la fin des analyses : l’issue du Covid-19 pour ces patients n’est donc pas connue. Enfin, la moyenne d’âge des sujets était de 55 ans, et ils constituaient une population à risque : 26.5% de maladies cardiovasculaires, 13.2% de maladies respiratoires, 3.4% de tumeurs malignes. D’où le message important adressé aux médecins en fin d’article : des symptômes digestifs, seuls, sont déjà suspicieux chez les personnes à risque exposées au Covid-19.
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