Dans un contexte de mauvaise information de la population et d’absence de traitement curatif, une meilleure connaissance des facteurs de risque et de protection est nécessaire. Le poids de la maladie d’Alzheimer, qu’il soit sanitaire ou financier, est amené à croitre de façon considérable dans les années à venir du fait du vieillissement de la population. En 2015, le nombre de personnes démentes a été estimé en à environ 47 millions au niveau mondial ; mais il pourrait atteindre plus de 131 millions en 2050 si la prévalence reste inchangée. En France, le nombre de personnes touchées par une démence était d’environ 900 000 en 2004, et pourrait s‘élever 1 760 000 en 2050. La proportion de malades d’Alzheimer est d’environ 70%. Et le coût de la maladie d’Alzheimer en France a été récemment évalué, dans un rapport de la Fondation Médéric Alzheimer, à 23 milliards d’euros par an. Les facteurs cardiovasculaires en premier lieu Et face à ce poids grandissant, il n’existe actuellement aucun traitement curatif de la maladie d’Alzheimer et de ses maladies apparentées (Mama). Et l’utilisation des biomarqueurs n’en est qu’au stade de la recherche. En outre, ces pathologies sont souvent taboues, voire méconnues du grand public, conduisant même parfois à une véritable discrimination des malades. D’où la nécessité pour les autorités de santé de renforcer la prévention, et ce "d’autant plus que les études épidémiologiques observationnelles ont mis en évidence des facteurs modifiables associés au déclin cognitif et au risque de survenue de démence, quel que soit son cadre diagnostic (maladie d'Alzheimer ou maladies apparentées)", souligne le Haut Conseil de la santé publique, qui a récemment publié un rapport d’expertise sur cette thématique de la prévention (31 janvier 2018). Les auteurs de ce document ont ainsi analysé l’ensemble des données de la littérature concernant les facteurs modifiables de risque ou de protection de ces maladies - comme le niveau d’éducation, l’alimentation et l’activité physique, le diabète, l’hypertension artérielle, la prise de certains médicaments - à partir d’études d’observation et d’intervention françaises et étrangères. Ils ont aussi effectué de nombreuses auditions d’experts, et ont analysé les recommandations internationales et les actions conduites dans d’autres pays. Le groupe de travail a ainsi pu identifier des facteurs associés à un risque plus élevé de Mama. Il s’agit en particulier de facteurs cardiovasculaires aux “âges médians de vie“ (40-60 ans) : hypertension artérielle, diabète, et, avec un plus faible niveau de preuve, le tabac, l'hypercholestérolémie, l'obésité ou l’athérosclérose. Sur le plan médicamenteux la consommation de benzodiazépines, et de médicaments à visée anticholinergique chez les personnes à partir de 65 ans sont aussi connus pour augmenter le risque. Enfin, "de manière moins étayée/plus controversée" concède le HCSP, la dépression, les troubles auditifs, l’hypovitaminose D, la vie dans un quartier défavorisé ou l’appartenance à un groupe socialement vulnérable peuvent participer à la survenue des Mama. Parmi les facteurs protecteurs, les experts du groupe de travail citent, du plus au moins étayé : un niveau d’éducation plus élevé "permettant une réserve cognitive plus importante, et probablement une meilleure connaissance du système de santé et un meilleur accès aux soins", le régime méditerranéen, les aliments riches en Agpi n-3, l’activité physique et les activités sociales et de loisirs. Les auteurs précisent cependant que "la nature causale de ces associations n’est pas démontrée. De nombreux biais sont possibles dans toutes ces études observationnelles, notamment des biais protopathiques sont suspectés pour les travaux sur les médicaments et la dépression. Il reste encore de nombreuses interrogations, en particulier concernant la temporalité des associations (fenêtre pour la prévention), les mécanismes impliqués, les interactions entre les facteurs et la place des biomarqueurs". Prévoir des actions ciblées Dans ce contexte, le HCSP recommande quatre axes d’actions pour la renforcer prévention : sensibiliser la communauté et les professionnels de la santé aux Mama et aux possibilités de prévention ; promouvoir des actions de prévention à des moments cibles et pour des publics cibles ; intégrer la démence dans la Stratégie nationale de santé et le futur Plan national de santé publique ; et promouvoir la surveillance épidémiologique et la recherche sur la prévention de ces maladies.
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