Report de la licence de remplacement : "Rien n’est arrêté", assure le Doyen des doyens

16/05/2022 Par Louise Claereboudt
Il y a quelques jours, l’InterSyndicale nationale des internes (Isni) déclarait la guerre à la Conférence nationale des doyens des facultés de médecine après une réunion au cours de laquelle l’instance aurait exprimé son souhait de repousser l’accès à la licence de remplacement à la phase de consolidation du troisième cycle. Le Pr Didier Samuel a tenu à rassurer ce lundi 16 mai : "rien n’est arrêté".

  "Leur position est claire : ils veulent interdire le remplacement aux internes", dénonçait le 12 mai sur Egora Gaetan Casanova, président de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), déclarant la guerre à la Conférence des doyens, à l’issue d’une réunion au sujet du remplacement des internes à l’hôpital public. Étaient présents les Ordres, les syndicats d’étudiants en médecine, la DGOS, mais aussi les syndicats représentatifs des praticiens hospitaliers, des pharmaciens, des biologistes, ainsi que les doyens. L’objectif était d’établir un cadre réglementaire pour le remplacement des internes dans les établissements publics. Selon le président de l’Isni, le vice-président de la Conférence des doyens, le Pr Benoît Veber, aurait fait part des souhaits de l’instance de revoir les conditions d’accès des internes à la licence de remplacement. "Il s’est exprimé au nom de la Conférence des doyens et a affirmé que le sujet avait été évoqué à la dernière assemblée générale du mois de mai, assurait Gaetan Casanova. Le Pr Veber a dit qu’ils étaient évidemment tout à fait favorables au principe de l’encadrement dans le public, mais qu’ils désiraient en revanche que les conditions d’accès au remplacement des étudiants de troisième cycle soient remises sur la table au plus vite et que ce soit décalé à la phase de consolidation." Une déclaration qui a aussitôt relancé la polémique, déjà existante il y a plus d’un an. En effet, alors que les syndicats et le ministère se concertaient pour intégrer les nouvelles spécialités (comme l’allergologie) dans l’arrêté cadrant la participation aux remplacements, l’Ordre des médecins avait réfléchi à la possibilité de durcir les conditions d’attribution de la licence de remplacement à la demande d’Agnès Buzyn. Et avait recommandé de la reporter à la phase de consolidation, au cours de laquelle les internes deviennent des Docteurs Juniors.

A la suite de la déclaration du Pr Veber, l’Isni a donc de nouveau vu rouge et dénoncé des propos injustifiés. "Peut-être qu’ils estiment que pendant des années, on a laissé remplacer des gens qui sont dangereux. Mais si c’est cela, il faut qu’ils le disent clairement", fustigeait Gaetan Casanova. "C'est un non-sens de décaler la licence à la phase de consolidation car à partir du moment où on est docteur, on peut forcément remplacer." L’Intersyndicale défend le remplacement à partir du 4e ou 5e semestre d’internat, et insiste sur le coup de pouce économique que cela représente pour les étudiants. Loin d’en démordre, le président de l’Isni expliquait que l’Intersyndicale se mobiliserait pour garder leur droit de remplacer dès la phase d’approfondissement. Ce lundi 16 mai lors d’une conférence de presse, le Doyen des doyens, le Pr Didier Samuel, a tenu à clarifier les propos de son vice-président. "Il y a eu une réunion il y a quelques jours sur le remplacement par les internes en hôpital public" mais "aucune décision n’a été prise", a-t-il assuré. Ce dernier a par ailleurs plaidé pour le dialogue. "Il faut qu’on ait une discussion de façon modérée car je vois bien que cela entraîne tout de suite des réactivités extrêmement fortes du syndicat des internes." "Il y a d’une part un besoin économique pour certains internes de faire des remplacements, on ne peut pas le nier", a-t-il reconnu. "C’est un fait, les internes sont peu payés au regard de leur diplôme." En revanche, a ajouté le chef de l'unité d'hépatologie et de réanimation hépatique de l’hôpital Paul Brousse (AP-HP), "les syndicats d’internes nous disent aussi qu’ils sont des médecins en formation. La question est de savoir quand un médecin peut faire un remplacement sans risque pour lui en termes de responsabilités dans des hôpitaux ou des services qui n’ont pas d’agrément, et dans lesquels l’encadrement est faible." "Rien n’est arrêté, a-t-il conclu. On est ouvert à toute discussion."

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