Lutényl/Lutéran : alerte de l’ANSM sur un surrisque de méningiome

17/06/2020 Par Marielle Ammouche
Gynécologie-Obstétrique

L’Agence national de sécurité du médicament et des produits de santé le risque de méningiome associé à l’utilisation d’acétate de nomégestrol (Lutényl et génériques) et d’acétate de chlormadinone (Lutéran et génériques). Plus de 400.000 femmes prenaient ces traitements en 2019. Cette décision fait suite à de nouvelles données issues de l’étude EPI-Phare, menée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse primaire d’Assurance maladie (Cnam), qui confirment le surrisque de méningiome chez les femmes exposées à ces médicaments macroprogestatifs, avec «une augmentation importante du risque avec la dose utilisée, la durée du traitement et l’âge de la patiente», précise l’ANSM. L'agence du médicament avait déjà averti en février 2019 d'un possible surrisque de méningiome. Cette étude confirme ce risque et en montre son importance. En conséquence, un comité d’expert recommande de réaliser une IRM chez les femmes de plus de 35 ans ayant été exposé plus de cinq ans à ces thérapeutiques, ou en cas de symptômes évocateurs de méningiome. Il y aurait environ 100 cas par an de femmes en France avec un ou plusieurs méningiomes attribuables à l’acétate de nomégestrol ou à l’acétate de chlormadinone.

L’étude EPI-Phare a été réalisée à partir des données nationales de remboursement de l'Assurance Maladie sur 1,8 et 1,5 millions de femmes ayant pris l'une ou l'autre de ces molécules entre le 1er janvier 2007 et le 31 décembre 2018. Il en ressort que les femmes traitées plus de six mois par acétate de nomégestrol ou de chlormadinone sont exposées à un risque multiplié respectivement par 3,3 et 3,4 par rapport aux femmes non exposées. Il existe une forte relation dose effet. Le risque monte ainsi à 12,5 fois à partir d’une dose cumulée correspondant à 5 ans de traitement pour l’acétate de nomégestrol (5 mg par jour pendant 20 jours par mois) et par 7 à partir d’une dose cumulée correspondant à 3,5 ans d’utilisation de l’acétate de chlormadinone (10 mg par jour pendant 20 jours par mois). EPI-Phare met par ailleurs en évidence un risque de chirurgie intracrânienne lié à ce méningiome, avec une incidence qui augmente fortement avec l’âge. Les femmes de 35 à 44 ans ont ainsi un risque triplé de ce type d’intervention par rapport à celles de 25 à 34 ans. En conséquence, un comité scientifique a été consulté. Les experts ont formulé des recommandations préliminaires de vigilance mais se sont prononcés en faveur du maintien de la commercialisation de ces médicaments en France «au regard de leur intérêt thérapeutique dans certaines indications», précise l’ANSM. Ils soulignent cependant la nécessité d’informer les patientes du risque de méningiome, et de réévaluer la pertinence d’un traitement par acétate de nomégestrol ou acétate de chlormadinone en tenant compte du bénéfice-risque individuel. Ils recommandent, en cas de prescription, la durée et la posologie la plus faible possible. Enfin, en cas de symptômes évocateur de lésions cérébrales, ou chez les femmes de plus de 35 ans en cas de traitement prolongé (à partir de 5 ans), une IRM cérébrale doit être réalisée. L’acétate de nomégestrol, l’acétate de chlormadinone et l’acétate de cyprotérone sont déjà contre-indiqués en cas de méningiomes ou d’antécédent de méningiome.

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