A quelles évolutions épidémiologiques et thérapeutiques peut-on s’attendre en 2021 ? Éléments de réponse avec le Pr Jean-Daniel Lelièvre*, membre de la Haute Autorité de Santé (HAS), Chef du service des maladies infectieuses de l’Hôpital Henri-Mondor à Créteil, immunologiste spécialiste de la vaccination. Egora : Les recommandations prioritaires de la HAS concernant la stratégie vaccinale en France comprenaient 5 étapes progressives. Elles ont été suivies par le gouvernement qui les a regroupées en 3 grandes phases. La première concerne les résidents des Ehpad et les salariés de ces établissements âgés de plus de 65 ans et/ou présentant des comorbidités. Comment ces différentes phases ont-elles été élaborées ? Pr Lelièvre : Les critères tiennent compte de la disponibilité des doses vaccinales et des facteurs de risque de développer une forme sévère de la maladie. Un large travail a été effectué pour tenter de définir les facteurs de sévérité dans leur ensemble. Le premier facteur de risque qui s’impose de manière très évidente est l’âge. En effet, on sait qu’à partir de 55 ans, lorsque vous prenez 10 ans, vous augmentez de manière quasi exponentielle le risque de faire une forme sévère de Covid-19. C’est la raison pour laquelle les personnes les plus âgées et notamment ceux résidant en Ehpad doivent être vaccinées en priorité car il y a eu une forte mortalité de cette frange de la population durant la première vague. Les autres facteurs de risque sont moins clairs et moins quantitatifs. Si vous prenez le surpoids par exemple, il est beaucoup plus difficile de quantifier à partir de quel IMC le risque augmente. Le surpoids n’est même pas référencé par l’Assurance Maladie. Il y aussi les comorbidités comme le diabète, l’hypertension artérielle ou encore l’insuffisance rénale. Mais là encore, il est très difficile de savoir où placer le curseur. Il a donc fallu mixer l’ensemble de ces paramètres pour parvenir aux 5 phases publiées par la HAS. L’idée c’est vraiment le sentiment que nous disposons aujourd’hui de vaccins qui vont avoir un impact bien plus important sur la sévérité de la maladie que sur un effet collectif.
Quel va être, selon vous, le rôle des médecins généralistes ? Dans un premier temps, le rôle des médecins généralistes sera très certainement de se déplacer dans les Ehpad ou dans les structures de soins pour sujets âgés pour effectuer la vaccination. Comme vous le savez, la HAS ne fait que des recommandations et n’est pas en charge de la mise en place de la stratégie vaccinale. Cela étant dit, il est apparu évident à chacun d’entre nous que...
le personnage clé de la réussite de cette vaccination contre le Covid-19 était bel et bien le médecin traitant. Pourquoi ? Parce qu’il connaît ses patients et répond à la volonté de s’assurer de l’efficacité du vaccin. En effet, on ne va plus pouvoir poursuivre les essais cliniques comme on le fait aujourd’hui. Les vaccins sont très efficaces donc très vite, va se poser la question de l’arrêt du placebo. Ce qui va encore compliquer les choses pour s’assurer de l’efficacité des vaccins au long cours. Il est primordial que la population soit vaccinée par des praticiens qui vont pouvoir très rapidement déclarer les vaccinations, les évènements indésirables éventuels ou encore l’observation d’un cas de Covid chez un patient qui aura déjà été vacciné auparavant. Il ne faut pas perdre de vue la nécessité d’avoir un seul et même acteur qui puisse s’assurer de l’efficacité de la vaccination, de la réalité du terrain et du suivi des patients. Alors même s’il est vrai que les débuts risquent d’être compliqués, notamment à cause des conditions de conservation des premières doses vaccinales disponibles, il faudra rapidement trouver des solutions. Les médecins généralistes doivent être fortement impliqués dans cette campagne vaccinale.
Au-delà de la piste vaccinale, quelles sont les principales pistes thérapeutiques actuelles ? De nouveaux médicaments antiviraux efficaces contre le Sars-Cov2 sont actuellement en phase de développement et en cours d’expertise. Il y a également la piste des anticorps monoclonaux comme ceux dont a pu bénéficier le Président Donald Trump à l’époque. Ces anticorps monoclonaux pourraient être intéressants dans des clusters particuliers avec des sujets à risque. Imaginez par exemple une structure gériatrique au sein de laquelle il y aurait un premier cas, il va falloir très rapidement protéger tous les autres patients. L’utilisation de ces anticorps monoclonaux pourrait ici être très pertinente, particulièrement en prophylaxie post-exposition car le vaccin va mettre trop de temps à être actif. Il ne servirait pas à grand-chose dans ce cadre-là. *Le Pr Lelièvre déclare avoir participer à des interventions ponctuelles pour Gilead
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