En population générale, il existe une hétérogénéité entre la sévérité de l’arthrose du genou ou des mains objectivée en radiographie et les symptômes cliniques, du fait d’un certain nombre de facteurs (phénotypiques, socioculturels, sensibilisation centrale…). La corrélation entre stade d’évolution et douleur n’est donc pas toujours évidente. La comparaison des radiographies de patients gonarthrosiques ayant un seul genou douloureux a confirmé la corrélation entre atteinte structurale et douleur, avec un effet croissant à mesure de la sévérité de l’arthrose. La même observation est posée pour les mains, dans des analyses transversales et longitudinales. Dans le détail, c’est essentiellement la présence de synovites (principalement fémoropatellaires) et d’œdème de l’os sous-chondral, adjacent au cartilage et vu en IRM, qui sont les plus fortement associées à la douleur, bien plus que la perte en cartilage ou la présence d’ostéophytes. Enfin, les lésions méniscales sont clairement associées à la perte de cartilage mais aucune donnée ne suggère qu’elles soient associées à la sévérité, la progression ou l’incidence de la douleur. Si, comme le rapporte la Dre Alice Courties (hôpital Saint-Antoine, Paris), « à l’échelon articulaire, la sévérité radiographique est associée à la douleur », cette association diminue à l’échelon du patient en raison de probables cofacteurs. Aussi, « la radiographie n’est probablement pas le meilleur examen pour corréler les lésions structurales et la douleur dans les études, mais elle est largement suffisante en soins courants ». Le sport est-il facteur de risque ou facteur d’aggravation ? Les patients interrogent souvent les praticiens sur le risque de développer ou d’aggraver l’arthrose en pratiquant une activité physique, et les idées reçues se heurtent parfois aux données scientifiques. La littérature permet de statuer sur un certain nombre de points : le premier est qu’en population générale, l'activité physique modérée est probablement associée à une diminution du risque d'arthrose, y compris en cas de prédisposition génétique. Selon les données disponibles, il existerait une courbe en U entre le niveau d’activité physique et la survenue d’une arthrose. La sédentarité comme les travaux pénibles, les sports intensifs et traumatisants (notamment chez les athlètes professionnels) pourraient accroître le risque. Chez les sportifs, les traumatismes articulaires constituent le principal facteur de risque d'arthrose, a fortiori les sportifs réguliers, professionnels, et ceux ayant des antécédents de traumatisme. Globalement, une méta-analyse a établi que le rapport de risque de développer une gonarthrose est de 2,83 pour ceux ayant eu un traumatisme du genou par rapport aux autres. Ce chiffre s’élève à 6,96 en cas de rupture des ligaments croisés et à 15,24 en cas de lésions méniscales. Chez les pratiquants de la course à pied (12 millions de français), le risque de blessure du genou est significatif en cas de longues distances d'entraînement (>10 kilomètres) et en cas d’antécédents de blessure. Après un traumatisme du genou, ce sont ceux qui reprennent le sport de façon non supervisée, trop intense ou trop précoce, sur un genou encore instable ou, à l'inverse, ceux qui deviennent sédentaires, kinésiophobes ou ne suivent pas leur rééducation, qui sont les plus exposés. L’encadrement de la reprise du sport est donc cruciale. Chez le patient sportif, l'activité physique modérée n’aggrave pas la gonarthrose et est potentiellement associée à un meilleur contrôle des symptômes. « On peut donc à la fois rassurer et encourager les patients à la reprise de l’activité physique, pourquoi pas encadrée par un kiné de ville » a insisté le Dr Augustin Latourte. Il faut souligner que le léger surrisque d’arthrose observés chez les sportifs est contrebalancé par un taux de recours à la chirurgie de l’arthrose qui est inférieur à celui recensé chez les personnes sédentaires. En effet, « le traitement le plus efficace de l’algie de la gonarthrose est l'activité physique, qui est supérieur au paracétamol ou aux AINS ». Ces patients gèreraient donc mieux leur arthrose. À une précaution près : l’espacement des entraînements. En effet : dans le genou sain, les contraintes mécaniques liées à des sports comme la course à pied conduisent à une déshydratation du cartilage qui disparaît après 48 heures de repos. Lorsque le cartilage est arthrosique, le délai de réhydratation est plus élevé. Au programme de ce dossier :
- Ostéoporose : mettre un terme à l’inertie thérapeutique, enfin !
- Polyarthrite rhumatoïde : de la prise en charge à la rémission
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