« Des méta-analyses suggèrent, que la probabilité de cancer testiculaire, qui a doublé de fréquence entre les années 1980 et 2010, pourrait être multipliée par deux après consommation de cannabis », a rapporté le Pr Éric Lechevallier, chef du service d’urologie à l’hôpital de la Conception à Marseille. Le surrisque paraît concerner plus particulièrement des tumeurs germinales non séminomateuses, qui ont un certain potentiel d’agressivité. « Les études sont plus controversées pour le cancer de vessie. Mais, la consommation de cannabis fumé semble favoriser la production de substances oncogènes, qui se retrouvent à l’intérieur de la vessie ». Par ailleurs, certains cannabinoïdes semblent altérer les cellules à l’origine de la spermatogénèse. Et, le cannabis diminue probablement, malgré ses effets psychostimulants, les capacités érectiles, au vu d’échographies Doppler mettant en évidence une vasodilatation diminuée de l’artère pénienne. « Les travaux de recherche sont cependant difficiles, car le cannabis comporte 500 substances en proportion variable selon la plante et il se consomme sous des formes différentes : joint le plus souvent en association avec du tabac, mais aussi avec une pipe à eau, ou bien plus rarement sous forme de pâtisseries ou space-cakes, de tisanes », a rapporté le Dr Alice Descheneau, psychiatre et chef du service addictions au groupe hospitalier Paul Guiraud de Villejuif. Il est aussi délicat de savoir, dans les études, si la consommation était ponctuelle ou régulière. Quoi qu’il en soit, la consommation de cannabis est une réalité en France et il est conseillé de l’évaluer au cabinet. « En 2017, on estimait qu’entre 11 % des 18 à 64 ans, soit environ 15 % des hommes et 7 % des femmes ont consommé du cannabis, des pourcentages assez stables depuis quelques années. Les premiers usages réguliers (10 fois par mois) se voient actuellement dès 15 ans et concernent à cet âge autour de 6 % des garçons et de 3 % des filles », a mentionné le Dr Descheneau.
« Le cannabis intervient sans doute par des mécanismes complexes à la fois au niveau du système nerveux central et par une action toxique directe sur les tissus cibles », a précisé le Pr Lechevallier. « Cependant, certains cannabinoïdes agissant sur des récepteurs présents au niveau du bas-appareil urinaire pourraient avoir des effets bénéfiques. Ainsi, leurs effets antalgiques pourraient être potentiellement intéressants dans le syndrome douloureux vésical ». D’autres exercent des effets myorelaxants sur le détrusor, possiblement bénéfiques dans les incontinences par hyperactivité détrusorienne des patients atteints de sclérose en plaques.
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