"Envoyer les généralistes en première ligne avec de simples masques chirurgicaux, c’est prendre le risque de les laisser se contaminer"

04/03/2020 Par Sandy Bonin

Alors que l'épidémie de coronavirus s'intensifie et pourrait bientôt passer en phase 3, le ministre de la Santé a confirmé que "10 millions de masques ont été déstockés (…) et sont répartis dans toutes les pharmacies d'officine" à destination des professionnels de santé. Il s'agira de masques chirurgicaux (FFP1) et non de FFP2, réservés aux hospitaliers en contact direct avec les malades. La colère gronde chez les médecins de ville. Laissés à l'abandon pendant plusieurs semaines en pleine épidémie de coronavirus, ils viennent seulement d’obtenir une réponse du Gouvernement. Le président de la République a annoncé dans un tweet ce mardi 3 mars que l'État français requestionnait "tous les stocks et la production de masques de protection" pour les distribuer aux soignants et aux personnes atteintes du coronavirus. Les réserves stratégiques de masques de protection sont estimées à 160 millions de masques.

En parallèle, dix millions de masques ont été déstockés et répartis dans toutes les pharmacies de France à l'attention des soignants, a annoncé ce mardi le ministre de la Santé Olivier Véran dans une interview à BFM TV. Quinze à  vingt millions supplémentaires arriveront "à mesure que les besoins se font sentir", a tenté de rassurer le ministre de la Santé.

Car les soignants, et notamment les médecins généralistes sont inquiets. "Dans nos cabinets, nous voyons les patients infectés avant de les hospitaliser, nous avons les mêmes risques que les hospitaliers", a réagi pour Egora le Dr Jérôme Marty président de l'UFML-S. "Cela fait...

15 jours qu'ils disent que les masques chirurgicaux FFP1 ne servent à rien et maintenant on apprend que c'est ceux qui équiperont les généralistes", s'emporte-t-il. "Nous sommes choqués de l’absence de mise à disposition de soignants libéraux des masques FFP2, seule protection efficace. Envoyer les médecins généralistes en première ligne avec de simples masques chirurgicaux, c’est prendre le risque de les laisser se contaminer en nombre et de les voir rapidement à l’isolement en quarantaine", s'est indigné l'URPS Auvergne Rhône Alpes dans un communiqué. D'autant que lors d'une réunion informelle en présence du Dr Jacques Battistoni, président du syndicat MG France, Olivier Véran aurait conseillé aux médecins généralistes de superposer deux masques FFP1 ce qui permettrait "d'avoir une protection certes moindre qu'avec un FFP2 mais on n'a pas le choix…". Sollicitée à de nombreuses reprises, la DGS est submergée et tarde à répondre à nos questions relatives à la protection des soignants et notamment des médecins généralistes. Un mail de l'instance prévient toutefois que "chaque pharmacien d’officine du territoire national va recevoir durant cette première semaine de mars 2020 via son grossiste répartiteur un minimum de 10 boîtes de 50 masques anti-projection, soit 500 masques issus du stock national".

Les professionnels de santé (médecin généraliste, médecin spécialiste, infirmier diplômé d’État, sage-femme, masseur-kinésithérapeute et chirurgien-dentiste) sont invités à se présenter dans leur officine de proximité afin de retirer une boîte de 50 masques chirurgicaux du stock d'État. "L'ensemble du personnel de santé de ville qui justifie de porter un masque peut aller chercher des boîtes de masques dans les pharmacies d'officine. Les camions sont arrivés hier en priorité dans l'Oise, et aux quatre coins de la France, aujourd'hui", a commenté Olivier Véran. Ces masques sont fournis "aux médecins généralistes afin de rendre possible la prise en charge des patients suspects de Covid-19 et de protéger leur entourage", précise dans un communiqué le grossiste-répartiteur OCP. Il précise que...

les masques seront délivrés "aux médecins qui se présenteront en officine munis d'un bon unique Cnam". La DGS conseille également aux soignants au contact de patients présentant "des signes d’infection respiratoire et en l’absence d’autres équipements de protection individuelle", de leur fournir un masque pour la durée de la consultation. Mais si les soignants doivent éventuellement doubler les masques, voire en fournir aux patients, comment feront-ils avec une unique boîte de 50 exemplaires… ? Ils n'ont pas tardé à réagir sur les réseaux sociaux. Et le plus souvent avec humour.

 

 

Face à la pénurie, certains soignants s’organisent. Des tutoriels de fabrication de masque circulent sur les réseaux sociaux pour les plus manuels...

  La France a dépassé mardi la barre des 200 cas confirmés de malades infectés par le nouveau coronavirus, selon le dernier bilan publié par Santé Publique France. Le bilan des décès est toujours de trois depuis le 14 février : un touriste chinois de 81 ans diagnostiqué fin janvier, un enseignant de 60 ans et une femme de 89 ans qui avait été hospitalisée dans les Hauts-de-France.  

Les stocks de masques volés à l'hopital
Près de 2.000 masques chirurgicaux ont été volés à l'hôpital de la Conception, à Marseille. Les boîtes de masques volées étaient stockées au niveau du bloc central de l'hôpital public, dont l'accès est réservé aux personnels de santé habilités et aux patients opérés, a précisé l'AP-HM.
 "L'AP-HM a immédiatement diligenté une enquête interne pour retrouver le ou les auteurs des faits", ajoute la direction.
 Suite à ce vol, des consignes ont été diffusées dans tout l'AP-HM "afin de sécuriser les stocks (masques, solutions hydro-alcooliques) et d'éviter que ce type d'incident se reproduise".
La semaine dernière, c’est les stocks du CHU de Nice qui avaient été dérobés. “Il n'y a plus aucun masque au bloc opératoire de l'hôpital Pasteur 1, ils ont tous été volés!", alertait le Pr Charles-Hugo Marquette, chef de service de pneumologie.
Plusieurs boîtes contenant des masques FFP2 ont également été volés à l’hôpital Rangueil de Toulouse ou au CHU de Nantes.

 

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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