Une centaine de médecins étrangers devant le ministère pour dénoncer leur statut précaire
"Hier applaudis, aujourd'hui expulsés!", pouvait-on lire sur les pancartes de la centaine de médecins étrangers qui ont manifesté, ce jeudi, devant le ministère de la Santé, pour dénoncer leur statut précaire. Un constat qu’avait reconnu le Président de la République, lors de sa conférence de presse du mardi 16 janvier. Il avait indiqué vouloir "régulariser le nombre de médecins étrangers, qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soin et que nous laissons dans une précarité administrative qui est complètement inefficace", car leur statut administratif n'existe plus depuis le 1er janvier.
"On a aujourd'hui quelque 2 000 médecins, indispensables dans les services, mis en première ligne pendant l'épidémie de Covid-19, mais à qui ont vient dire : 'On ne peut plus vous garder'", déplore Halim Bensaidi, représentant de l’association Intégration praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise (Ipadecc). "Pour eux comme pour l'hôpital, c'est une catastrophe", poursuit-il.
Ces médecins étrangers se retrouvent pour la plupart "en rupture de contrat" en raison d’une note insuffisante aux Épreuves de vérification de connaissances (EVC), l’examen désormais obligatoire pour pouvoir continuer à exercer en France. Les résultats, publiés en décembre dernier, montrent qu'environ 80% des candidats, soit 2 000 praticiens diplômés hors de l'Union européenne (Padhue), ont échoué au test et perdront donc le renouvellement de leur contrat. "Avec 13,75 de moyenne, j'ai échoué", indique un néphrologue guinéen de 35 ans, qui vit en France depuis 2019. "Ma carte de séjour est périmée. Mon chef aimerait me garder, mais ne peut rien faire." Avant, un régime dérogatoire permettait aux hôpitaux de recruter des non-lauréats sous divers statuts très précaires. Mais cette pratique a été suspendue le 31 décembre 2023.
Le 3 janvier dernier, cinq associations et syndicats* avaient lancé une pétition pour demander "le maintien ou la réintégration dans leur poste de tous les Padhue" et le retrait des "obligations de quitter le territoire français pour les professions médicales dont nous avons tant besoin".
Pour les auteurs de la pétition, c’est la loi Valletoux, adoptée mi-décembre 2023, qui "aggrave la précarité" des Padhue. Elle exige, en effet, "un engagement de passer le concours d’EVC, contre une autorisation d’exercice limitée à deux chances, dont chacune est d’une durée de 13 mois, avec aucun objectif possible de spécialisation et à la condition préalable d’avoir été retenu par des commissions d’autorisation d’exercice".
À l’heure où nous écrivons cet article, la pétition recueille 19 935 signatures.
* L'UFMICT-CGT, l’Ipadecc, le Syndicat national des médecins hospitaliers (SNMH), l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf).
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