30% des médecins ont déjà été menacés pour prescrire un arrêt de travail, d'après une enquête de l’URPS Île-de-France
Alors que l’Assurance maladie cible actuellement les médecins “surprescripteurs” d'IJ dans le cadre d’une campagne de MSO-MSAP, l’URPS Île-de-France a soumis les praticiens de son territoire à une enquête flash, lancée le 6 juillet dernier, pour connaître leur “perception et la pratique des médecins libéraux”. Près de 970 médecins généralistes, psychiatres et rhumatologues franciliens ont répondu au questionnaire.
La majorité des médecins votants affirment recevoir très peu de demandes qui leur semblent injustifiées (moins de 10% d’entre eux seulement). Pourtant, parmi tous ces médecins, 18% ont déjà reçu un courrier de la CPAM concernant des prescriptions d’arrêts de travail en trop grand nombre. Très peu de médecins prescrivent des arrêts de travail en téléconsultation : moins de 10 % disent le faire régulièrement.
Parmi les répondants, la moitié reconnaissent prescrire plus d’arrêts de travail, “avec une accélération sur les trois dernières années”, qu’ils expliquent en majorité par les “effets du Covid” et la “dégradation des conditions de travail ressenties par leurs patients". Pour eux, le principal motif de ces derniers sont des “troubles anxio-dépressifs”, suivis par les “pathologies infectieuses ou douloureuses”. Les patients consultant pour un arrêt évoquent le plus souvent au médecin un “stress”, une “anxiété”, une “dépression”, un “surmenage”, une “angoisse”, un “harcèlement”...
Si les médecins reconnaissent prescrire plus d’arrêts de travail, ils se retrouvent aussi parfois obligés de les prolonger, notamment en raison de la “situation socioprofessionnelle du patient” ou des “délais d’obtention d’examens complémentaires” trop longs.
Les médecins sont aussi de plus en plus victimes d’incivilités. 31% déclarent ainsi avoir déjà subi des “menaces ou des pressions” de la part d’un patient pour le “forcer à prescrire un arrêt maladie”.
Concernant les arrêts de travail de moins de 4 jours, les trois quarts des médecins interrogés seraient favorables à la suppression de l’obligation de prescription. En revanche, pour les arrêts de longue durée, 90% des médecins préfèreraient la “mise en place d’une alternative à l’arrêt de travail via un travail aménagé”.
Valérie Briole, la présidente de l’URPS des Médecins Libéraux d’Île de France, conclut son enquête en indiquant que “dans une situation de pénurie globale de médecins traitants, de médecins du travail, de médecins-conseils de l’Assurance maladie, il ne sert à rien de faire pression sur les médecins libéraux qui restent… Plutôt que de condamner les médecins prescripteurs d’arrêts de travail, interrogeons-nous sur les raisons du mal-être grandissant des Français !”
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