Une généraliste est convoquée pour surprescription d’arrêts de travail : 80 médecins manifestent devant la CPAM

04/07/2023 Par Louise Claereboudt
Une généraliste était convoquée par la CPAM du Morbihan pour un "entretien confraternel" sur ses prescriptions d’arrêts de travail. Dénonçant un "harcèlement permanent", près de 80 confrères se sont rendus devant la caisse pour protester contre cette chasse aux sorcières.

  Ils sont 18. 18 médecins du Morbihan à avoir été convoqués à un "entretien confraternel" par la CPAM du département dans le cadre d’une vaste campagne de contrôle des prescriptions d’arrêt de travail. Ce lundi, peu avant 14 heures, c’était au tour d’une généraliste de se rendre à la CPAM, à Vannes, indique Ouest-France. Une convocation qui lui a été annoncée par voie de courrier recommandé, et devant précéder une mise sous objectif (MSO) de ses prescriptions d’arrêts.

Dénonçant cette campagne de contrôle, près de 80 confrères ont tenu à lui apporter leur soutien en se rendant devant la CPAM de Vannes. Au courant de la manifestation, la CPAM avait fermé ses portes mais les protestataires sont parvenus à pénétrer dans l’enceinte, précise le journal local. Durant l’entretien de la généraliste, les 80 médecins en blouse blanche ont déchiré des arrêts de travail et scotché des banderoles aux murs de la caisse.

"Nous sommes là pour défendre notre métier contre le harcèlement permanent et subi, a déclaré le Dr Ronan Le Mer. On ne comprend pas pourquoi on nous accompagne dans la menace." Fin juin, l’Ordre du Morbihan est lui-même monté au créneau contre la procédure de MSO des arrêts de travail, estimant la méthode "contraire à l'indépendance" des médecins. Pour les manifestants présents hier, cette procédure risque par ailleurs de faire fuir les jeunes médecins, tout comme ceux proches de la retraite. "Maintenant, j’ai la boule au ventre : jeune généraliste, je suis mis sous objectif pour avoir prescrit trop d’arrêts de travail" Jugeant la mise sous objectif de ses arrêts "inacceptable" et "infantilisante", la praticienne – dont l’entretien a duré 1h30 – a décidé de la refuser, déterminée à se défendre. Elle a demandé à être mise sous accord préalable. "La profession va mal et on enfonce le clou", s’est-elle insurgée auprès de nos confrères. "Cette action est une procédure pour accompagner les médecins dans leurs prescriptions d’arrêts maladie. L’idée est d’échanger avec le médecin conseil pour évoquer des situations et analyser si l’arrêt doit être prolongé ou s’il faut aller vers une consolidation, une mise en invalidité… On insiste beaucoup sur l’accompagnement et le soutien. L’idée est de comprendre, pas de les placer systématiquement sous objectif", a de son côté fait valoir la directrice de la CPAM du Morbihan, Françoise Le Fur. [avec Ouest France et Le Télégramme]

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