Après l’agression de trop, un généraliste marseillais ferme définitivement son cabinet
C’est l’agression de trop pour le Dr Saïd Ouichou, généraliste installé depuis quinze ans dans un quartier populaire du 15e arrondissement de Marseille. En début de semaine, alors qu’il était en consultation, le médecin a été pris à partie par deux individus. L’un d’eux s’est engouffré dans le cabinet du généraliste, exigeant une ordonnance. "Je lui ai expliqué qu'il fallait quand même attendre. Je ne sais pas pourquoi, il s'est mis à crier. Son copain, dehors, voulait me frapper. Les patients se sont interposés. J'ai fini par arrêter la consultation et fermer mon cabinet, à la suite de cet incident", a-t-il expliqué à nos confrères de France 3.
Ce n’est pas la première fois que le Dr Ouichou est agressé. "Comme ça arrive souvent, des patients exigent d’être inscrits sur le carnet des rendez-vous, a-t-il expliqué dans l’émission ‘Apolline Matin’ ce jeudi sur RMC. On leur explique que c’est complet mais ils insistent. Ils veulent être vus tout de suite, immédiatement. Dès qu’on leur dit que ce n’est pas possible, ce sont tout de suite des insultes." Selon le praticien, la situation dans ce quartier populaire s’est dégradée au fil des années. "Il y a un abandon dans ce quartier, les gens commencent à faire la loi." Désormais, règnent la violence et l’insécurité. Le système de santé y est défaillant.
"Impunité"
Le généraliste dénonce une forme d’impunité. Ce dernier a porté plainte plusieurs fois après des agressions et "à chaque fois, ça a été classé sans suite". "On ne considère pas l’agression d’un médecin, au même titre que n’importe quel citoyen", déplore-t-il, ajoutant : "Vous pouvez être agressé, et l’agresseur continue de passer devant votre cabinet voire de vous narguer. Ça arrive. Et la justice ne fait rien contre cela […] Les gens le savent : ils peuvent continuer à agir de manière très agressive et ne pas être embêtés par la justice ni par la police, qui n’a pas les moyens de venir dans ces quartiers et d’assurer la sécurité de la population."
"Il y a des gens qui sont responsables de cette situation. C’est à eux de prendre les mesures nécessaires. Moi je suis soignant, je ne fais pas les lois, je ne décide pas pour les citoyens. Il y a des décisions à prendre pour protéger la population et assurer les soins nécessaires", a-t-il déclaré, déplorant qu’"aucune mesure efficace" ne soit prise pour permettre aux soignants d’exercer dans de bonnes conditions.
Après cette énième agression, le généraliste a décidé de fermer son cabinet à la fin du mois d’octobre pour rejoindre une structure collective en dehors de ce quartier, mais toujours dans le 15e arrondissement pour ne pas abandonner ses patients. "Le fait d'être plusieurs dans un centre, ça permet éventuellement de se sentir en sécurité, voire peut-être si c'est nécessaire, de prendre un agent de sécurité pour nous protéger. On est arrivés à un stade où c'est à nous de nous organiser pour faire face à l'insécurité", a regretté le généraliste.
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