"C'était la consultation la mieux payée que j'ai jamais eue"

25/08/2020 Par Ilana
Témoignage
Pas moyen d'échapper à ce métier !". Médecin ou carabin, vous êtes nombreux à avoir dû ressortir le stétho alors que vous profitiez de vacances bien méritées. Sur la plage, à la montagne ou dans l'avion : vous nous avez confié vos aventures.
 

"J'ai commencé mon internat de médecine générale par un stage aux urgences dans un gros hôpital. Après un rude hiver avec beaucoup de gardes et un bon rythme, je pars deux semaines à Cuba me ressourcer en février et couper le semestre. Sur le retour, on prend un vol de nuit : je fais en sorte de m’allonger confortablement pour une belle nuit de sommeil avant ma reprise deux jours après aux urgences, et m’endors. Après 1h de sommeil, j’entends derrière moi une femme crier : « Aidez moi, ayuda, à l’aide ! » Je me retourne et je vois que l’homme à côté de la femme demandant de l’aide ne bouge pas, les yeux ouverts sur son siège. Je commence donc à tester sa conscience en lui demandant le fermer les yeux, de me serrer la main ou me parler... Il reprend connaissance après quelques secondes.

Je demande les antécédents à sa femme le temps qu’il reprenne ses esprits : elle me dit qu’il est stenté, hypertendu, avec hypercholestérolémie... Je lui fais alors un examen neuro complet qui revient normal. Je l’ausculte grâce au stéthoscope de l’avion, prends sa glycémie qui revient normale mais avec une tension est basse à 90/65. Je demande alors à ce qu’on l’allonge et lui lève les jambes, aidée par les hôtesses de l’air. On me donne un iPad ou je peux écrire tout mon examen clinique et à ce moment-là on me demande si on fait atterrir l’avion maintenant ou non, sachant que si on ne le fait pas on ne pourra pas le faire avant 4h de vol! Heureusement, le malaise apparaissait alors très vagal : j’avais appris que le passager avait...

bu un peu d’alcool, avait chaud, avait eu des événements avant-coureur avant son malaise (vertiges, bouffées de chaleur) et la tension remontait doucement. Rassurée, j'ai pris la décision de ne pas modifier le trajet du vol pour tous les passagers endormis qui auraient eu une belle surprise au réveil. Par la suite, jusqu'à la fin du vol, je gardais un œil sur lui me disant que ça y est le retour des vacances était bel et bien là et en veillant à avoir pris la bonne décision et tout bien fait sans les moyens que l’on peut avoir à l’hôpital.

Après cela, il y a eu la fameuse pandémie donc j’ai eu la chance de partir au bon moment ! Et la compagnie m’a offert un billet d’avion gratuit pour me remercier, valable un an. C’était la consultation la plus improbable et la mieux payée que j’ai jamais eue !"

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Stéphanie Beaujouan

Stéphanie Beaujouan

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