"Cela doit cesser", répète le Dr Éric Reboli, président du SNMRH, dans une lettre adressée le 26 mars aux élus français. Alors que le conflit entre le Gouvernement et les médecins intérimaires ne cesse de s’enliser à mesure que la date de mise en application de loi Rist approche, l’urgentiste a demandé le soutien des élus. "Assumerez-vous toute cette souffrance et ces décès précoces et évitables engendrés par cette loi inique ? Pourrez-vous sciemment cautionner cette entreprise de destruction massive ? Ensemble, n’avons-nous pas assez souffert ? Il est encore temps de nous rejoindre", écrit-il, appelant à l’union "dans un mouvement salvateur". Alors que l’exécutif, par la voix de son ministre de la Santé, entend mettre fin aux dérives de l’intérim "cannibale" en plafonnant les rémunérations, les médecins intérimaires dénoncent une mise en application brutale, "annoncée à coups de menaces et d’insultes à notre égard", et une cabale à leur encontre. "Ce passage à l’acte violent s’accompagne de la volonté de livrer à la vindicte populaire les responsables désignés (et enfin trouvés !) de tout cela ; les ‘méchants médecins’ qui ne veulent pas travailler (dans des conditions inacceptables)", estime le Dr Reboli. Pour tenter d’éteindre l’incendie, François Braun a décidé hier, lors d’un déplacement dans l’Orne, de relever le plafond de rémunération, initialement fixé à 1170 euros brut pour 24 heures à 1390 euros brut. Il s'agit d'une "remise à niveau par rapport aux revalorisations qui ont eu lieu pour les médecins hospitaliers" depuis 2016, date à laquelle le montant de 1.170 euros avait été fixé, a précisé le ministère. Une annonce qui n’a pas convaincu le SNMRH qui a refusé toute "négociation" et réclamé "l’abrogation" pure et simple de la loi Rist, "qui méprise les médecins".
Chaque jour, "ce sont des dizaines d’insultes et de propos méprisants que nous lisons ou entendons dans les communiqués des instances qui sont censées nous employer et travailler main dans la main avec nous, déplore son président. Une rage obsessionnelle qui émane de notre propre ministre, de nos propres tutelles ! Une épidémie de haine qui nous atteint tous : médecins libéraux, titulaires, praticiens hospitaliers, généralistes, spécialistes, internes, externes..." Il poursuit : "Nous sommes assimilés à des êtres avides de chair humaine, criminalisés, prêts à tuer pour assouvir notre avidité, cupidité", s’insurgeant de l’emploi des termes "mercenaires cannibales". "Méritons-nous tant de haine ?" "Méritons-nous tant de haine ?", interroge le praticien, qui souligne que les intérimaires ont porté à bout de bras "des services sinistrés", faute de médecins en poste fixe, y compris durant l’épidémie de Covid-19. Le président du SNMRH appelle les élus à "ne pas être dupes". "Sous prétexte de moralisation et de dénonciations de quelques brebis galeuses que nous condamnons fermement, il s’agit de détruire encore davantage l’hôpital public", assure le Dr Reboli, qui pointe du doigt une tentative de "privatisation sournoise" du système de santé. "En déclarant la guerre à ses propres médecins, c’est tout un peuple que ce Gouvernement irresponsable a décidé de mettre en grave danger !", juge le syndicaliste, alors que, selon le SNMRH, au moins 70 hôpitaux risquent de fermer dès le 3 avril. Pour le Dr Reboli, "l’heure est grave", le "point de non-retour" a été atteint. "Nous sommes déterminés à ne plus courber l’échine et être corvéables à merci, abandonnés sur l’autel d’une médecine sacrificielle", lance le représentant des intérimaires. Une lutte pour ces professionnels, mais aussi pour "tous les soignants", assure le Dr Reboli, qui craint "un nivellement par le bas", car à ses yeux, l’encadrement de l’intérim "ouvre la porte au plafonnement de tous les salariés dans le public et le privé". L’urgentiste assure que les intérimaires ne laisseront plus rien passer : "Nous sommes déterminés à porter plainte auprès de notre Ordre des médecins et toute autre instance compétence pour toutes les injures, calomnies et diffamations à notre égard." "Nous sommes déterminés à honorer notre serment, le serment d’Hippocrate, et désespérés dans le même temps, de n’avoir d’autre choix que de prendre les devants, pour nous ‘défendre’", déplore le Dr Reboli. Face à un Gouvernement qui "travaille avec acharnement" à diviser les médecins, le praticien appelle les élus à les rejoindre dans leur lutte, "car l’enjeu est immense". "Au-delà de l’abrogation totale et définitive de la loi Rist, c’est toute la confiance d’un peuple envers ses médecins, qu’il s’agit de restaurer." Il en va aussi de la "survie" des structures hospitalières publiques en France de proximité, fustigeant une politique du "quoi qu’il en coûte en vies humaines". "Contraint" d’appeler les intérimaires à la grève pour dénoncer ce "mépris", le SNMRH exige "un changement de comportement envers tous les soignants" et une "juste rémunération pour le travail difficile et la plus-value sociétale". "Les applaudissements ne suffiront pas, sachez-le !", lance le Dr Reboli, qui prévient : "Nous n’excluons pas dans les semaines et mois à venir des actions plus ‘chirurgicales’ en fonction des décisions gouvernementales à venir."
Cette lettre ouverte ALERTE tous les #éluslocaux des conséquences dès le 3 Avril des décisions gouvernementales sur les #hopitaux avec #rist #médecinbashing @l_amf @TF1 @francetv @le_Parisien @sedatif @libe @EgoraInfo @LePoint @Marcpayet75 @jimweb @leQdM @VieDeCarabin pic.twitter.com/D7AZvSt5dC
— SNMRH (@cdmrehp) March 27, 2023
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