"Ségur de la santé": Hôpitaux publics et privés veulent augmenter les salaires
La Fédération des hôpitaux de France a présenté mercredi un "new deal pour la santé" chiffré à plus de 12 milliards d'euros. Le projet de son président, Frédéric Valletoux ferait la part belle aux rémunérations : révision des grilles de salaire, coup de pouce en début de carrière, refonte des primes, revalorisation des gardes et du travail de nuit... Au total, il y en aurait pour 6 à 7 milliards d'euros rien que sur ce volet "ressources humaines".
S'y ajoutent 2 milliards pour hausser l'investissement à un niveau "plancher" de 7% du budget des hôpitaux. La moitié de cette somme serait assurée par la reprise annoncée d'un tiers de la dette des établissements publics. L'autre moitié proviendrait de "subventions publiques" et de "prêts à taux bonifiés" via le livret A (comme c'est déjà le cas pour le logement social) ou en instituant un "livret H" destiné à l'hôpital public.
La FHF réclame aussi une "remise à niveau" du budget de la psychiatrie publique "à hauteur de 5% dès 2021", des moyens supplémentaires pour les soins de rééducation, la recherche, l'outre-mer... Mis bout à bout, ce plan coûterait "de l'ordre de 10 milliards, hors secteur médico-social", a précisé Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF.
Enfin, la fédération souhaite créer 60.000 postes dans les Ehpad en trois ans, ce qui alourdirait la facture de plus de 2 milliards d'euros. Le prix à payer pour retrouver "l'ambition affichée" au début du Ségur, selon Frédéric Valletoux.
De son côté la fédération de l'hospitalisation privée (FHP), qui représente les cliniques à but lucratif, ne veut pas être en reste. Elle a réclamé mercredi une hausse de 10% du budget...
des établissements hospitaliers l'an prochain, afin d'augmenter les salaires et l'investissement dans les mêmes proportions que dans le secteur public.
"Nous demandons une hausse de 10% en 2021, ça peut paraître farfelu mais c'est juste un retour à l'équilibre" après une décennie de baisse des tarifs hospitaliers, a expliqué le président de la FHP, Lamine Gharbi, lors d'une conférence de presse. Cela équivaut à une rallonge de 8,5 milliards d'euros, sur la base du budget 2020 de la Sécu pour les établissements de santé (publics et privés), voté avant le Covid.
La majeure partie de cette somme (6%, soit environ 5 milliards) servirait aux revalorisations salariales, la part des cliniques privées étant estimée à 825 millions, sur la base d'une augmentation générale de 300 euros net par mois revendiquée par les syndicats et collectifs de soignants.
Pour en financer une partie, la FHP demande la suppression de la taxe sur les salaires, qui coûte 475 millions d'euros aux cliniques et dont la disparition est aussi réclamée par les secteurs public et privé non lucratif. Lamine Gharbi tient en revanche à la tarification à l'activité, qui "ne doit pas être abandonnée" malgré les nombreuses critiques dont elle est l'objet.
Le solde de l'enveloppe réclamée (4%, soit environ 3,4 milliards) serait consacré d'une part à l'investissement, d'autre part à l'augmentation habituelle de l'activité. Dans le même élan, la FHP a souhaité une augmentation du budget hospitalier de 6% en 2022, soit 5,5 milliards de plus. De quoi abonder notamment un "plan massif de formation" de 2 milliards pour doubler rapidement le nombre d'élèves infirmiers et aides-soignants. Il a par ailleurs demandé "de manière formelle" que les établissements privés bénéficient de la reprise de dette prévue pour les hôpitaux publics.
[Avec AFP]
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