Prescriptions irrégulières : un généraliste et ex-adjoint au maire de Marseille reconnu coupable mais dispensé de peine
C’est ce lundi 5 février que le tribunal correctionnel de Marseille a rendu son jugement concernant l’affaire des prescriptions irrégulières effectuées par le Dr Patrick Padovani. Le médecin généraliste de 75 ans, et ancien adjoint à la santé et aux addictions du maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, de 2008 à 2020, a été reconnu coupable.
Les faits remontent au mois de mars 2021. Un toxicomane atteint d’épilepsie avait provoqué un incident au sein d’un Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa). Il a alors été écarté temporairement pendant six mois de l’établissement.
Pendant cette suspension, le Dr Padovani voulait assurer la “continuité des soins” du patient et décide donc de rédiger des ordonnances de renouvellement de Rivotril, de Ritaline et de Subutex. “Vu sa dangerosité pour lui et pour la société, il fallait une action rapide, avait-il indiqué au tribunal lors de sa comparution, le 18 décembre dernier. Car pour obtenir un rendez-vous chez un psychiatre, il faut attendre huit mois et pour un neurologue, ce n’est pas avant une année. J’ai donc prolongé ses traitements.”
Deux infractions retenues
La présidente du tribunal a estimé que le médecin a commis deux infractions. La première étant d’avoir prescrit des médicaments classés ou assimilés stupéfiants comme le Subutex, que les généralistes ne peuvent normalement pas prescrire. La deuxième concerne le fait de ne pas être passé par une ordonnance sécurisée pour délivrer ces produits.
En décembre dernier, le parquet avait requis six mois de prison avec sursis ainsi que 2 500 euros d’amende pour le généraliste. Mais le tribunal a décidé, ce lundi, de le dispenser de toute peine. Les magistrats ont reconnu qu’il ne fallait pas “décourager les médecins amenés à intervenir au sein de structures qui œuvrent dans des conditions difficiles" à la prise en charge des toxicomanes. Ils ont également pris en compte "la personnalité” du Dr Padovani "et son engagement professionnel et militant auprès des publics défavorisés, avec problématiques multiples".
Pour l’avocat du médecin, Me Michel Pezet, cette dispense de peine est “mieux qu'une relaxe”. "Ce jugement met un peu de baume au cœur car la justice a considéré le travail des acteurs de la réduction des risques", a indiqué son client auprès de nos confrères de l’AFP.
[Avec AFP]
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