Le 17 décembre 2015, Jean-Louis Mégnien, un professeur en cardiologie de 54 ans, s’est jeté par la fenêtre du 7e étage de l'hôpital européen Georges Pompidou (HEGP). Père de cinq enfants, il venait de reprendre le travail après neuf mois d'arrêt maladie. Ce suicide par défenestration avait déclenché une vive émotion dans la communauté hospitalière et mis en lumière la souffrance au travail des médecins.
Très vite, son épouse a déposé plainte auprès du parquet de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire puis une information judiciaire le 19 février 2016. Dans le cadre de l’enquête, plusieurs de ses collègues ont rapporté qu'il était victime de harcèlement de la part de sa hiérarchie et qu'un avertissement sur la souffrance de ce médecin n'aurait pas été pris en compte.
Au cours des cinq ans d'une instruction menée dans la plus grande discrétion, l'AP-HP, l'ancienne directrice de l'hôpital, Anne Costa, et trois professeurs - alors responsables hiérarchiques du cardiologue - ont été mis en examen pour "harcèlement moral".
Des dysfonctionnements révélés par l’enquête
Le 30 juillet dernier, deux juges d'instruction ont ordonné leur renvoi devant le tribunal correctionnel, a-t-on appris de sources proches du dossier, confirmé de source judiciaire. "Au-delà d'un drame humain, cette affaire est une triste illustration de l'instrumentalisation de la justice et une volonté acharnée et déraisonnable de vouloir tout pénaliser", a regretté Me Marie Burguburu, avocate d'un des professeurs. "C'est incompréhensible, les magistrats ont assimilé un chef de pôle d'un établissement hospitalier à un chef du personnel", a réagi Me Bernard Vatier, qui défend un autre médecin.
A l'occasion de leur enquête, les policiers de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) ont mis au jour des accusations de luttes de clans au sein du prestigieux établissement hospitalier situé dans le XVe arrondissement de la capitale. Une enquête interne menée par la direction de l'AP-HP, puis une synthèse de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), saisie par la ministre de la Santé de l'époque Marisol Touraine, avaient relevé des "dysfonctionnements" et des "manquements" dans la gestion du conflit entre le Pr Mégnien et certains de ses collègues.
[avec AFP]
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