“Les établissements d’enseignement et de soin ne peuvent être le théâtre de propos sexistes, de gestes déplacés, de pressions, d’agressions, ou de drames personnels noués dans le silence et l’indifférence”, ont indiqué les ministres de la Santé et de l’Enseignement dans un communiqué commun diffusé ce mardi soir. Olivier Véran a par ailleurs échangé le jour-même en visioconférence avec les étudiants en santé, épuisés par des conditions de travail et d’études difficiles, exacerbées par la crise sanitaire.
Alors que cinq internes en médecine se sont donné la mort depuis le début de l’année 2021 selon l'InterSyndicale nationale des internes (Isni), les ministres ont constaté que les “situations de mal-être perdurent et que la parole peine à se libérer” et ce, “malgré les circuits de signalement mis en place et la création du centre national d’appui et de ses déclinaisons locales”, déplorent-ils. Certains dispositifs étant par ailleurs “mal connus” ou pas utilisés par les étudiants en santé.
Le mal-être peut parfois, selon Olivier Véran et Frédérique Vidal, ne pas être perçu par l’étudiant lui-même, à qui il convient de donner les clefs et les “symptômes évocateurs” pour “faciliter une prise en charge adaptée”. D’autant que les situations de souffrance, de maltraitance, voire de harcèlement, peuvent être banalisées “dans un environnement professionnel insuffisamment formé à la détection des premiers signes de risques psycho-sociaux”.
Appelant à plus de “bienveillance”, de “protection” et de “fermeté”, les ministres reconnaissent qu’il faut “faire évoluer ensemble nos processus et nos outils”. En cela, ils promettent une “tolérance zéro” et un “engagement total” de tous (universités, instituts de formation, établissements, associations étudiantes). “La réflexion des groupes de travail, pilotés par nos deux ministères, doit aboutir rapidement à un dispositif encore plus opérationnel, plus transparent, plus lisible et accessible à tous”, écrivent-ils.
Réaffecter les étudiants en souffrance
Ils appellent ainsi conjointement les directeurs généraux des ARS, recteurs, présidents d’université, doyens, responsables d’institut, à “prendre sans délai des mesures conservatoires qui s’imposent”. En l'occurrence : suspendre l’agrément d’un terrain de stage à l’évidence maltraitant et réaffecter les étudiants en souffrance dans un autre service. Les ministres donnent rendez-vous à ces acteurs dès l’été pour un premier bilan.
Interrogé par le Figaro sur le contenu de la visioconférence organisée par Olivier Véran, Gaetan Casanova, président de l’Isni, prévient : il ne veut pas de “coup de com”. “Il y a de vraies questions, de vrais problèmes qui sont le reflet d'un hôpital à bout de souffle”, a-t-il expliqué, citant notamment la question du nombre d’heures hebdomadaires largement dépassé par les internes en médecine, d’après une étude de l’Isni.
"On nous tue" : un clip choc pour alerter sur le temps de travail des internes
Réclamant un “management plus humain” de la part des supérieurs hiérarchiques, Gaetan Casanova appelle à mettre fin à la culture médicale selon laquelle l’étudiant se laisse faire. Quatre ans après une première étude, l’Isni a d’ailleurs lancé une nouvelle enquête avec l’InterSyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) et l’Anemf sur la santé mentale des internes afin de tirer les leçons du passé.
[ Nouvelle enquête Santé Mentale des futurs médecins ] : 4 ans après la dernière enquête ISNI, où en sommes-nous ? Pour le savoir, une nouvelle étude est lancée avec @ANEMF et @ISNARIMG. Le lien sera envoyé sur les boites universitaires.
— ISNI - InterSyndicale Nationale des Internes (@ISNItwit) May 17, 2021
On compte sur vous ! #ProtegeTonInterne pic.twitter.com/lG3aZhtqkc
[avec le Figaro]
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