Après avoir accepté de nouvelles missions, les pharmaciens réclament une revalorisation d’1 milliard d’euros supplémentaire
Face aux difficultés d’accès aux médecins, le Gouvernement est bien décidé à laisser plus de marge de manœuvre aux autres professionnels de santé. S’il avait déjà entrepris d’élargir les compétences vaccinales des pharmaciens, sages-femmes et infirmières, l’exécutif entend – par le biais de son projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 – permettre aux pharmaciens d’officine de dispenser "sans ordonnance" certains médicaments à prescription médicale obligatoire, notamment les antibiotiques, après réalisation d’un test rapide d’orientation diagnostique (Trod) pour les cystites simples et les angines. S’ils ont accepté ces nouvelles missions de santé publique, "il faut maintenant nous rémunérer davantage", a déclaré Philippe Besset, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, dans un entretien accordé au Point. "Nous réalisions en moyenne 600 millions d'actes par an, mais en 2022 nous avons fait 60 millions d'actes de prévention en plus. Soit 10% d'augmentation", ajoute le pharmacien de Limoux (Aude), qui assure que l’élargissement de leurs missions était conditionné à "négociation sur le montant de nos rémunérations".
Des négociations avec l’Assurance maladie doivent justement s’ouvrir novembre prochain. Dans ce cadre, le président de la FSPF compte demander 1 milliard d’euros supplémentaire pour "contribuer à un meilleur financement du réseau des officines". "Un acte de pharmacie correspond à différentes rémunérations additionnées et revient en moyenne 11 euros. Il faudrait qu'il passe à 12", soutient-il. Un montant qui tient compte de l’inflation et de l’augmentation de leurs charges, selon lui. Car s’il n’y a pas péril en la demeure, le pharmacien estime cette revalorisation indispensable pour compenser les difficultés de recrutement de personnels dans les officines. "Nous avons fait beaucoup d'efforts, mais nous devons pouvoir revaloriser les salaires de notre personnel – pharmaciens et préparateurs […]. Pour remplir ces missions, il faut pouvoir recruter, sans cela des pharmacies vont fermer. Pour l'instant, il n'y a pas de désert pharmaceutique, si l'on ne fait rien, cela pourrait arriver", prévient Philippe Besset. Le président de la fédération se défend toutefois de vouloir prendre la place des médecins avec ces nouvelles missions. "J'ai envie de dire aux médecins : si tu reviens, j'annule tout… Nous avons accepté ces missions notamment parce qu'on ne trouve plus de médecins dans beaucoup d'endroits, c'est une réalité. Notre intérêt n'a jamais été de prendre leur place, car s'il n'y a plus de médecins, il n'y aura alors plus de pharmaciens", affirme-t-il. Et d’ajouter : "Nous cherchons à travailler ensemble, en harmonie, dans l'intérêt des Français, en faisant émerger de nouvelles idées, pour améliorer l'offre de santé dans notre pays." [avec Le Point]
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