Les conséquences de l’intoxication au plomb, largement sous-estimées, selon une étude
Les auteurs, deux économistes de la Banque mondiale (Washington), ont voulu estimer, à l’échelle mondiale, le fardeau sanitaire à l'exposition au plomb. Ils se sont concentrés sur deux paramètres : les facultés cognitives chez les enfants et la mortalité par maladie cardiovasculaire. Selon leurs analyses, la pollution au plomb serait à l'origine de 5,5 millions de décès par maladie cardiovasculaire dans le monde en 2019. Elle a aussi joué sur les capacités cognitives des enfants de moins de cinq ans, en particulier dans les pays en voie de développement. Pour parvenir à ces conclusions, les auteurs ont évalué le niveau d'intoxication au plomb dans la population de 183 pays à partir des données du Global Burden of Disease, un immense programme de recherche qui sert de base à de nombreuses études. Bilan de ce travail : l'intoxication au plomb, qui représenterait un problème aussi lourd que la pollution aérienne, serait à l'origine de 30% des décès par maladie cardiovasculaire, un niveau six fois plus élevé que les estimations précédentes. Ce chiffre est "énorme", selon l'un des auteurs, Bjorn Larsen. Le rôle du plomb dans les maladies cardiovasculaires serait donc supérieur à celui du tabagisme ou du cholestérol, souligne-t-il auprès de l'AFP. Ces résultats ont toutefois été accueillis avec prudence par des chercheurs qui jugent contestables certains choix de méthodologie. C'est un travail "intéressant mais sujet à de nombreuses incertitudes", déclare à l'AFP Roy Harrison, expert en pollution aérienne à l'Université de Birmingham. Il souligne notamment qu'il est difficile d'évaluer de manière fiable le degré d'intoxication au plomb chez les populations des pays en voie de développement. Un autre doute concerne le degré exact auquel l'intoxication au plomb contribue aux maladies cardiovasculaires. Or, les résultats impressionnants de l'étude dépendent beaucoup du choix d'un facteur de risque élevé, sur la base d'une étude uniquement réalisée aux Etats-Unis. "S'ils se confirment, (ces résultats) seront majeurs en matière de santé publique. Mais en l'état, ils ne constituent qu'une hypothèse intéressante", conclut M. Harrison.
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