Les députés médecins dans le collimateur des "Pharma papers"

15/11/2018 Par Aveline Marques

Un autre volet des "Pharma papers", dévoilé le 13 novembre par le site Basta Mag, ausculte les liens d'intérêts entre labos et députés médecins membres de la commission des affaires sociales.

  L'Assemblée nationale compte pas moins de 25 médecins, qui occupent 19% des sièges de la commission des affaires sociales. "Une aubaine pour les laboratoires, qui ont noué des liens d’intérêts avec les quatre cinquièmes d’entre eux", relève l'auteur des "Pharma papers", Rozenn Le Saint.

Grâce à l'outils EurosForDocs, qui vise à simplifier l'accès aux données publiques du site Transparence.gouv.fr, l'enquêtrice a dressé la liste des "députés les plus gâtés" par les labos.

En tête, le Dr Stéphanie Rist, rhumatologue au CHU d'Orléans, qui cumule 309 liens d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique en six ans, pour un montant total connu de 40 196 euros, auquel s'ajoutent les sommes gardées secrètes dans le cadre de 48 autres contrats. "Il y a eu beaucoup d’innovations à présenter dans ma spécialité ces dernières années, et j’étais chargée par les laboratoires de rapporter les informations issues des congrès pour ensuite former mes collègues, justifie la parlementaire. C’est quand-même un atout d’avoir travaillé avec eux auparavant pour garder la bonne distance à présent, même si cela ne veut pas dire ne jamais les rencontrer." Elue députée en 2017, le médecin reconnaît croiser "encore" les laboratoires au Palais Bourbon. "Mais pas à ma demande." "Ils nous sollicitent davantage pendant le projet de loi de financement de la sécurité sociale, par écrit. Mais les amendements arrivent dans nos boites mail dans tous les domaines de toute façon !" Cette loi est en effet hautement "stratégique" pour le secteur des médicaments car elle "détermine non seulement le taux de croissance des dépenses de médicaments remboursables, mais aussi toutes les procédures d’évaluation, d’autorisation et de mise sur le marché des produits pharmaceutiques", rappelle la journaliste. Si les liens d'intérêts restent limités -de nombreux députés ayant réduit ou arrêté leur activité médicale depuis leur élection- le fait qu'ils soient noués à l'automne, période d'élaboration du PLFSS, interpelle. [avec bastamag.net]

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