
Régulation de l'installation : les maires ruraux se rangent du côté des médecins
Les principales organisations d'étudiants en médecine et de jeunes médecins ont publié une tribune dans L'Express pour dénoncer la proposition de loi, portée par le député Guillaume Garot, prévoyant l'instauration d'une régulation à l'installation des praticiens. Cette tribune est signée par de nombreux syndicats de médecins, par le président de l'Ordre des médecins... mais aussi par les maires ruraux.

"Nous nous opposerons à [d]es mesures coercitives bâclées, connues pour leur inefficacité." C'est le message qu'ont voulu faire passer plusieurs organisations d'étudiants en médecine, d'internes et de médecins dans une tribune, publiée ce mardi 25 mars dans L'Express. Rédigé par l'Isnar-IMG, l'Isni, l'Anemf et Reagjir, ce texte a été signé par de nombreux syndicats et organisations de praticiens*, dont MG France, la CSMF et le SML, par le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, le Dr François Arnault... et même par l'Association des maires ruraux de France.
Tous réagissent à l'examen, ce mercredi, par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale de la proposition de loi "transpartisane", portée par le député Guillaume Garot, contre les déserts médicaux. Ce texte, qui doit faire son entrée dans l'hémicycle fin mars, prévoit l'instauration d'une régulation à l'installation des médecins en France.
Redoutez-vous le rétablissement de l'obligation de participation à la permanence des soins ambulatoires?

Nathalie Hanseler Corréard
Oui
Retraitée depuis la Covid. Mon vécu : ayant fait des semaines de 70H (5,5 J/sem) près de BX avec 4 gardes par an, puis déménagé à ... Lire plus
Une proposition qui révolte les carabins et médecins : face aux difficulté d'accès aux soins sur le territoire, "il n'existe pas de solution simpliste", écrivent-ils. "Les difficultés actuelles ont une origine multifactorielle", ajoutent-ils, citant notamment l'impact du numerus clausus sur la démographie médicale et l'augmentation croissante des besoins de santé au sein de la population.
"L’offre de soin[s] médicale est aujourd’hui insuffisante pour faire face à la demande de soins, en particulier en médecine ambulatoire, du fait de la diminution marquée de l’exercice libéral", poursuivent les étudiants en médecine et jeunes médecins. Or, malgré ce constat, "les attaques contre la médecine libérale se multiplient", déplorent-ils. "Le système de santé repose pourtant sur deux jambes : la médecine de ville, majoritairement libérale, axée sur le premier et second recours, et l’hôpital, dont l’expertise est tournée vers le second voire troisième recours."
Malgré les "alertes répétées de la profession quant" à leurs "effets pervers", "des mesures simplistes sont souvent vendues comme une solution miracle", insistent les auteurs de la tribune. Ils dénoncent ainsi la PPL de Guillaume Garot contre les déserts médicaux, qui vise à flécher l'installation de médecins vers les zones où l'offre de soins est insuffisante, par le biais d'un régime d'autorisation délivrée par l'ARS.
Aucune preuve d'efficacité
Pour ces carabins et jeunes médecins, "il est illusoire de penser que les zones sous-dotées (couvrant 87% du territoire) sont le fruit de zones sur-dotées, dans lesquelles exerceraient trop de médecins !" "Interdire des installations dans certains territoires, sans aucune garantie que celles-ci se reportent ailleurs, ne revient qu’à freiner l’augmentation de l’offre de soins", avancent-ils, prenant notamment pour exemple l'échec du modèle allemand où une mesure similaire a déjà été mise en place.
"Répartir une pénurie ne saurait résoudre un problème quantitatif. Quel élu serait aujourd’hui prêt à interdire l’installation de nouveaux médecins sur son territoire ? Les déserts médicaux sont partout, y compris dans les grandes villes", pensent les auteurs de la tribune, qui appellent les pouvoirs publics à agir avec les médecins et non contre.
"Nous souhaitons avant tout agir dans la confiance, pour construire des mesures d’amélioration des conditions de travail, levier principal pour améliorer l’attractivité et susciter davantage d’installations", assurent-ils.
*Les signataires sont : Agnès Giannotti, présidente de MG France ; Franck Devulder, président CSMF ; Luc Duquesnel, président CSMF-Généralistes ; Patricia Lefebure, présidente FMF ; Sophie Bauer, présidente SML ; Jérôme Marty, président UFML-S ; Anna Boctor, présidente Jeunes Médecins ; Moktaria Alikada, présidente Médecins pour demain ; Paul Frappé, président CMG ; Olivier Saint-Lary, président CNGE ; Philippe Serayet, président SNEMG ; François Arnault, président CNOM ; Gilles Noël, vice-président Association des Maires Ruraux de France.
[avec L' Express]
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