“Le rôle déclinant joué par la pédiatrie libérale dans le suivi de l’enfant contribue à sa crise identitaire.” Dans un rapport, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) établit un panorama alarmant de la pédiatrie libérale. Selon l’Igas, à ce jour, moins de 15% des consultations concernant les enfants sont faites par les pédiatres de ville, contre 85% pour les généralistes qui, eux, “jouent un rôle important et croissant dans la prise en charge des enfants”. Ainsi, “les missions assumées par les pédiatres de ville sont aujourd’hui proches de celles des médecins généralistes et leurs positionnements respectifs apparaissent peu complémentaires”. “Leurs missions apparaissent ainsi en décalage avec leur formation très spécialisée”, estiment les auteurs du rapport, qui ajoutent que la faible rémunération de ces professionnels, comparée aux autres spécialités médicales, “contribue au manque d’attractivité de la profession”. La profession souffre par ailleurs d’une démographie déclinante, notamment en secteur 1, avec 8 départements qui connaissent une densité inférieure à un pédiatre pour 100 000 habitants. Une situation qui devrait s’aggraver puisque 44% des pédiatres libéraux ont plus de 60 ans, alertent les experts.
Les nombreux dispositifs de suivi et de prévention de la santé des enfants et des ados, à l’instar du médecin traitant de l’enfant “ne parviennent pas, sauf exception, à toucher l’ensemble des enfants” et “ne permettent pas de remédier aux inégalités sociales et territoriales en santé qui restent marquées”. Par exemple, la mortalité infantile est deux à trois plus élevée en Outre-mer qu’en métropole, déplore l’Igas. Le rapport note néanmoins que “l’évolution démographique de la pédiatrie hospitalière et de la chirurgie pédiatrique [...] est très satisfaisante”, bien qu’il y ait un manque d’anesthésistes avec des compétences pédiatriques. “Repositionnement profond” Face à ce constat, l’Inspection générale des affaires sociales préconise de développer l’exercice des puéricultrices en PMI, mais aussi l’exercice des infirmières puéricultrices en ville, “avec la réalisation de consultations autonomes, en lien étroit avec un médecin”. Surtout, l’Igas recommande un “repositionnement profond” des rôles respectifs des généralistes et des pédiatres de ville. Le généraliste assurerait “le suivi préventif et les soins non programmés” des enfants ne présentant pas de pathologie chronique ni de facteur de vulnérabilité. Pour cela, il faut renforcer et homogénéiser la formation initiale et continue des généralistes à la santé de l’enfant. Le pédiatre, lui, serait reconnu pour son rôle de “recours et d’expertise, assurant le suivi de certaines maladies chroniques". Pour valoriser cette expertise et ce rôle renforcé, l’Igas préconise d’ajuster le financement de leurs actes et leur nomenclature et de réévaluer la rémunération de ces professionnels.
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