Le ministère de la Santé retoque deux campagnes de prévention sur l’alcool

11/09/2023 Par Louise Claereboudt
Santé publique

La cellule investigation de Radio France révèle que deux campagnes de prévention sur l’alcool élaborées par Santé publique France ont été retoquées par le ministère de la Santé. Des voix s’élèvent pour dénoncer les pressions du lobby du vin sur l’Elysée.   "Le lobby de l'alcool a infiltré tout l'appareil d'Etat", déplore Bernard Basset, président de l’association Addictions France, ce lundi 11 septembre, sur franceinfo. Le médecin spécialiste en santé publique était invité à réagir aux révélations de la cellule investigation de Radio France faites plus tôt dans la matinée. Selon nos confrères, au printemps dernier, le cabinet de François Braun, alors ministre de la Santé, a annulé deux campagnes de prévention sur les risques liés à la consommation d’alcool. Ces campagnes avaient été élaborées par Santé publique France. L’une d’elles aurait dû être diffusée en ce moment même, à l’occasion de la Coupe du monde de rugby. C’est la Direction générale de la Santé (DGS) qui en avait d’ailleurs fait la commande en novembre 2022, à quelques mois de la compétition qui se déroule sur le sol français. "Ne laissez pas l’alcool vous mettre KO", disait le slogan, jeté aux oubliettes, révèle Radio France. L’autre campagne, nommée "quand on boit des coups, notre santé prend des coups", était destinée à rappeler les risques de la consommation d’alcool sur la santé : troubles du rythme cardiaque, AVC hémorragiques… Elle a également été tuée dans l’œuf.  "Cette campagne, qui a nécessité plus d’un an de travail, ne sera finalement pas diffusée sur les écrans de télévision, ni publiée sur les panneaux d’affichage, comme cela était pourtant prévu", écrit Radio France. Pourtant, précise la cellule investigation de Radio France, les visuels de ces campagnes avaient été présentés par SpF "en présence et avec l’appui de la DGS" fin mai 2023 au cabinet du locataire de l’avenue de Ségur. Quelques semaines plus tard, ce dernier avait fait machine arrière. Une campagne de prévention ciblant les jeunes a, en revanche, été décidée. Elle sera d’ailleurs diffusée "prochainement" sur les réseaux sociaux, confirme le ministère à nos confrères. Le cabinet du ministre a avancé sa volonté de "prioriser" la cible de "jeunes" sur la thématique, compte tenu "du nombre important de campagnes portées par l’État et ses opérateurs dont SPF sur le deuxième semestre 2023". Un argument qui ne convainc pas Myriam Savy, directrice du plaidoyer au sein de l’association Addictions France, pour qui "les campagnes de prévention à destination des jeunes ou des femmes enceintes ne dérangent pas les alcooliers car elles sont ciblées", contrairement aux deux qui ont été retoquées. Cette dernière avance des "pressions effectuées par les alcooliers sur les pouvoirs publics et en particulier l’Élysée". Selon Radio France, le principal lobby du vin, Vin et société, a envoyé "un courrier incendiaire" le 12 janvier dernier au chef de l’Etat en réaction à une campagne diffusée durant les fêtes de fin d’année. Une campagne SpF qui soulevait le paradoxe de "trinquer à la santé" de quelqu'un alors que l'alcool est déconseillé pour la santé. Après cela, "il y a eu une forme d’autocensure" au ministère de la Santé, a indiqué une source de Radio France. Autocensure qui persisterait puisque d’après Radio France, le nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, s’est opposé cet été à la rediffusion d’une ancienne campagne de 2019 – dont le slogan était "l'alcool c'est maximum deux verres par jour et pas tous les jours" – en remplacement des deux campagnes annulées. Sur les réseaux sociaux, ces annulations ont alerté certains professionnels de santé. A propos de la campagne "Quand on boit des coups, notre santé prend des coups", le Dr Jérôme Barrière a par exemple écrit sur X (anciennement Twitter) que "ça n’était certes pas le meilleur slogan de l’histoire mais c’était destiné à rappeler les méfaits de l’alcool. C’est dommage", a-t-il regretté, demandant à l’exécutif de justifier son refus de la diffuser.

  Le cabinet d’Aurélien Rousseau n’a pas répondu à Radio France sur la question des éventuelles pressions du lobby de l’alcool, mais a annoncé que le site internet "Alcool Info Service" allait être "renforcé". [avec Radio France et France Info]

21 débatteurs en ligne21 en ligne
Photo de profil de Jacques R
1,9 k points
Débatteur Passionné
Biologie médicale
il y a 1 an
D'un autre côté le rapport coût bénéfice de ces campagne est sans doute mauvais. Rappeler les effets néfastes bien connus n'est pas suffisant pour changer des comportements, c'est avéré depuis longtem
Photo de profil de Sophie Sugier
5,8 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
J ai de nombreux patients qui progressivement a la retraite ,entre les reunions entre ex collègues ou au contraire la solitude , dépasse les préconisations avec un alcoolisme revélé . Il est bien tri
Photo de profil de Jean-Marie Thoulon
68 points
Gynécologie-obstétrique
il y a 1 an
L'alcool tue , mais surtout il fait des dégâts qui chez la femme enceinte sont redoutables pour l'enfant qui en subira les conséquence toutes sa vie ainsi que la société . Pr J M Thoulon gynécolgue a
 
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