La CSMF tient à défendre son pré carré alors que la loi de santé est en cours d'examen à l'Assemblée et que les négociations conventionnelles sur les assistants médicaux et les CPTS suivent leurs cours. Dans une conférence de presse organisée mercredi 20 mars au siège du syndicat, son président Jean-Paul Ortiz semble n'avoir pas goûté les quelques amendements imprévus qui ont émergé ces derniers jours en commission des Affaires sociales. "Nous avertissons solennellement le gouvernement et le pouvoir politique : si ces dispositions étaient maintenues lors de l’examen en séance plénière, nous serions amenés à quitter la table des négociations conventionnelles et nous appellerions les médecins libéraux à rentrer dans un conflit frontal et dur avec le pouvoir politique", a indiqué le néphrologue perpignanais. La prescription pharmacienne ne passera pas En ligne de mire du premier syndicat spécialiste (troisième chez les généralistes) : la "prescription" pharmacienne. Proposée par le rapporteur général de la loi de santé Thomas Mesnier, la mesure prévoit d'autoriser le pharmacien d'officine à délivrer des médicaments sous ordonnance, dans le cadre d'un protocole établi par la HAS et d'un exercice coordonné. Inspiré des pharmacies suisses "netCare", il a vocation à faciliter le dépannage pour des pathologies bénignes mais gênantes, telles que les cystites aigues et certaines angines. Une véritable déclaration de guerre pour la CSMF, arc-boutée sur la défense de la prescription médicale. "Aujourd'hui on a un mécanisme pour que les pharmaciens délivrent sans ordonnance et on a un examen : il faut s'en tenir à ça", juge Jean-Paul Ortiz, qui admet à la limite une évolution des spécialités en libre accès. Prenant l'exemple de la cystite, il s'étonne qu'on veuille "mettre le médecin hors du circuit de prescription d'un antibiotique" alors que l'antibiorésistance est devenu un enjeu majeur de santé publique. Autre motif d'agacement : les quelques amendements ayant pour objet de réguler l'installation des jeunes médecins libéraux, apparus la semaine dernière à la faveur de l'examen du projet de loi de santé en commission des Affaires sociales. Aucun n'a passé la barre de l'adoption en commission, et la majorité a rappelé à plusieurs reprises son opposition à toute mesure coercitive. Mais la CSMF semble avoir senti le vent du boulet. D'autant que le "droit au médecin" opposable a, quant à lui, été adopté en commission, même si sort en plénière ne fait guère de doute. Jean-Paul Ortiz ne fait d'ailleurs pas mystère de ses doutes sur la capacité de la majorité à tenir ses troupes. "Vous faites quoi chez vous pour que ça bouge ?" "Je commence à être un peu agacé de voir des députés, des politiques qui disent : il faut mettre fin à la liberté d'installation parce que chez moi il n'y a pas de médecin. Vous faites quoi chez vous pour que ça bouge ?", s'est-il fendu, appelant les élus locaux à mettre en œuvre des mesures incitatives pour les jeunes médecins : stages, primes, internat rural, mise à disposition de locaux… Le président de la CSMF a aussi distribué quelques bons points, estimant que la recertification (adoptée mardi et étendue à tous les professionnels de santé), la suppression du numerus clausus (également votée par l'Assemblée) ou celle des ECN (adoptée mais reportée d'un an à la demande des doyens et de certains étudiants) allaient dans la bonne direction. Point de vigilance, en revanche, sur les hôpitaux de proximité. "L'hôpital de proximité sera sous la coupe de l'hôpital de référence du GHT : dans ces conditions, en faire un lieu de cohésion ville-hôpital et casser les murs, c'est mal parti", regrette Jean-Paul Ortiz. Par l'intermédiaire de ses relais au Palais-Bourbon, le syndicat a fait déposer des amendements afin notamment de faciliter l'exercice des médecins de ville, spécialiste et généralistes, dans ces structures.
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