Les syndicats qui se sont opposés à la mise en place du tiers payant généralisé, inscrit dans la loi de Santé, triomphent aujourd'hui en lisant les conclusions de l'Igas, pour qui la mise en place du TPG au 30 novembre prochain est "irréaliste".
La CSMF trouve dans les conclusions de l'Igas une justification aux combats menés contre le TPG et la loi de Santé. Selon la décision du gouvernement, "qui rompt avec le dogmatisme du précédent quinquennat", estime la CSMF, "le tiers payant restera possible, mais ne deviendra pas obligatoire". La centrale rappelle son opposition résolue à un tiers payant obligatoire pour tous, mais défend l'idée d'un tiers payant social pour les populations défavorisées, à l'appréciation du médecin. Le syndicat rappelle qu'il a proposé une alternative à la loi de santé "qui a été totalement ignorée : le paiement monétique a débit différé santé". Même triomphalisme du côté du SML, qui affirme avoir eu raison "depuis le début". Le syndicat salue le pragmatisme de la ministre de la Santé, qui s'oppose au "dogmatisme" de sa prédécesseure, ainsi que sa volonté d'ouvrir le dialogue "afin de remettre à plat ce dossier". Le SML propose d'abandonner purement et simplement le tiers payant, mais se dit prêt à tenir compte des situations de précarité et de la "réalité des impayés" et serait prêt à discuter de systèmes d'avance de frais, "indépendants des organismes payeurs et qui pourraient être mis en place par la profession sur la base du volontariat".
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MG France, le plus proche idéologiquement d'un tiers payant, dès lors qu'il est simple, rapide et garanti, se réjouit d'apprendre par l'Igas que le tiers payant généralisé obligatoire prévu par la loi n'aura pas lieu. '"Les médecins généralistes réalisent 74 % de leurs actes en tiers payant lorsque celui-ci est garanti et en un seul flux", rappelle le syndicat de généralistes. "Ce taux de tiers payant quoique moins élevé que celui des autres spécialités médicales, traduit l'adhésion de la profession à ce système lorsqu'il est garanti", avance le syndicat. Qui rappelle sa proposition pour faciliter l'accès financier aux soins : la suppression du ticket modérateur en soins primaires. La FMF s'est évidemment félicitée sur twitter de cette reculade, qui ressemble selon elle à un "enterrement", mais l'UFML du Dr Marty n'en démord pas. Le syndicat, qui avait appelé à un mouvement de fermeture le 1er décembre prochain si le TPG devenait obligatoire comme le dit la loi Santé, continue à demander une loi rectificative, puisque l'obligation est toujours écrite dans la loi. La présidente de l'UFML asso, Marion Ribeyre, signale d'ailleurs que les amendements allant dans le sens d'une suppression de l'obligation ont été repoussés en commission des Affaires sociales par le Dr Olivier Véran, le rapporteur du projet de loi de financement de la sécurité sociale 2018. Cette dernière rapporte dans un mail les propos du député isérois, pour qui "les obstacles techniques peuvent être solutionnés par la généralisation de la carte avance santé, carte à débit différé pour le malade, et à crédit immédiat pour le soignant consulté, ce qui a l'avantage d'éviter au soignant de faire l'avance de trésorerie et de consacrer un temps infini au recouvrement des indus ou de la part complémentaire versée par les assurances". L'UFML asso rappelle qu'il s'agit-là d'une solution "déjà proposée par de nombreuses assurances et banques, que certains syndicats de médecins verraient d'un assez bon œil".
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