En ces temps de réformes TGV, la polémique jadis cristallisée sur le tiers payant s’est déplacée vers deux évolutions inédites du périmètre des métiers de santé. Issue de la loi de santé, l’émergence des pratiques avancées est dictée par le progrès technique et les carences de la démographie médicale. Selon un avant-projet de décret, au prix d’une formation complémentaire, les infirmières de pratiques avancées (IPA) pourront élargir leur champ d’intervention dans le cadre du parcours de soins à l’hôpital ou, en ville, au sein d’équipes de soins primaires. Des discussions ont été menées pendant plus d’un an entre le ministère et les Ordres des médecins et des infirmiers. Sans les représentants de la profession qui, furieux, réclament des protocoles. La seconde émane de l’Union européenne et plus précisément d’une directive sur la circulation des professionnels, que notre pays a bien été obligé de transposer. La directive sur la formation partielle ouvrira la porte à des métiers de santé souvent inconnus dans notre pays mais exercés ailleurs en Europe, à l’issue d’un cursus mystérieux et, donc, qui inquiète. Le ministère de la Santé a bien essayé d’arrondir les angles en imposant des garanties ordinales, mais le mal est fait. Hasard du calendrier, c’est leur télescopage qui engendre une mauvaise combustion. Malmenée par le déficit démographique et l’enchaînement de réformes contradictoires au cours de ces derniers quinquennats, la profession se hérisse. Au lieu du remède de l’IPA, elle voit le danger des pratiques avancées et amalgame le tout dans une offre de soins qualifiée de « low cost » par le Centre national des professions de santé (Cnps), qui y voit une entreprise de « démantèlement des métiers ». Il faudra du temps pour le retour de la confiance, après les sombres années Touraine, informait le Dr Jean-Paul Ortiz, le président de la Csmf. En voilà la preuve.
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