La ministre de la Santé est une pragmatique, ce n’est pas une découverte. Pour coprésider une mission explorant les failles de notre communication sur le médicament, au décours de l’affaire du Levothyrox, elle a fait appel à une patiente responsable d’une association regroupant des insuffisants rénaux et au Dr Gérald Kierzek, urgentiste de terrain et homme de médias, chroniqueur sur Europe 1 notamment. Et c’est donc tout naturellement qu’au moment de constituer son cabinet, alors que l’urgence était à la récupération de la confiance avec la médecine libérale dans un contexte de glissade démographique des effectifs de médecins généralistes, la ministre s’est tournée vers une association de jeunes « qui en veulent », ReaGjir, regroupant les remplaçants et les jeunes installés généralistes. L’un de ses anciens présidents, le Dr Jacques-Olivier Dauberton, est devenu conseiller, en charge notamment de la médecine libérale. L’actuelle présidente est un des « missi dominici » de la stratégie nationale de santé sur le terrain, sorte d’aiguillon pour les expérimentations et les innovations organisationnelles dans toute la chaîne de la distribution des soins. Le Dr Sophie Augros sera également témoin et scripte des réalisations innovantes, qu’elle s’emploiera à faire remonter des territoires vers le national. Alors, bien sûr, ce petit favoritisme microcosmique a fait grincer quelques dents du côté des favoris d’hier, Isni, Isncca, Snjmg ou encore Isnar-IMG, mais qu’importe ! Car l’impact de cette main tendue de la ministre vers les jeunes générations de médecins généralistes commence déjà à imprégner, mine de rien, la réflexion des centrales libérales traditionnelles. Encore rétives hier à s’impliquer résolument dans les évolutions de notre organisation des soins, autant liées à la carence démographique qu’au tournant ambulatoire, elles y viennent. Persuasion par capillarité : c’est encore du pragmatisme et encore une fois c’est fait tout en douceur.
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