C’est une proposition qui suscite le débat. Dans une interview à Egora, le Pr Didier Samuel, Doyen des doyens des facultés de médecine, a proposé de profiter de l’ajout d’une quatrième année d’internat au DES* de médecine générale pour revoir intégralement la maquette de la formation. “Peut-être que la maquette, telle qu’elle a été conçue, a trop insisté sur les stages en ambulatoire et je pense que cela peut être une bonne chose d’y rajouter un stage à l’hôpital. C’est quelque chose qui doit être réfléchi avec les coordinateurs et les internes”, a-t-il expliqué. "Ça ne se passe pas exactement comme cela”, grince Mathilde Renker, présidente de l’InterSyndicale nationale autonome et représentative des internes de médecine générale. Dans la maquette actuelle en effet, seuls deux stages sur six sont à faire en libéral : un stage praticien de niveau 1 et le stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisé (Saspas). Deux autres sont nécessairement hospitaliers, celui aux urgences et celui de médecine polyvalente. Enfin, les stages sur la santé de la femme et de santé de l’enfant peuvent être au choix ambulatoire, hospitalier ou couplés entre les deux : bien souvent, c’est à l’hôpital. “Sur trois ans, on a qu’un an en ambulatoire… Alors qu’on sait pourtant très bien que l’immense majorité des généralistes en formation va exercer en ville. Nous inciter encore plus à aller à l’hôpital, alors que cela représente déjà la moitié de notre maquette, ça ne va pas dans le bon sens”, poursuit Mathilde Renker.
Le syndicat, au contraire, souhaite aller plus loin. L’Isnar-IMG propose, en effet, de réfléchir à la possibilité de réaliser le stage de santé de la femme aux côtés d’une sage-femme libérale. “De la même manière, on pourrait faire des stages avec des pédiatres en libéral”, explique Mathilde Renker. Bien sûr, la future généraliste ne nie pas que les problèmes d’accès aux soins touchent tous types de territoires et modes d’exercice, les centres hospitaliers notamment. “Mais nous réfléchissons à la formation des futurs médecins et à la cohérence avec leurs projets professionnels. L’intérêt des stages, c’est de se rapprocher de notre pratique future.” Les internes appellent à se mobiliser sur le respect du temps de travail. La présidente de l’Isnar-IMG souhaite aussi revenir sur les propos du Pr Samuel à propos du respect du temps des 48 heures hebdomadaires : “lls doivent donc avoir un temps de travail raisonnable, avec la possibilité d’avoir un repos compensateur après des gardes et l’opportunité de se consacrer à la formation et/ou au travail de recherche”, assurait l’hépatologue. “On ne peut pas parler de temps de travail raisonnable quand on sait que les internes travaillent plus de 48 heures hebdomadaires. D’autant plus quand on parle d’internes en burn out, de graves conséquences sur la santé mentale. Je rappelle que 19% des étudiants en médecine ont présenté des idées suicidaires l’an dernier. On sait que le temps de travail est un facteur de risque majeur”, a-t-elle indiqué, soulignant l’importance de l’engagement des Doyens sur cette question. “Je suis étonné qu’on parle de temps de travail ‘’raisonnable’”, constate de son côté le président de l’InterSydicale nationale des internes. Pour Gaetan Casanova, le constat est pourtant connu de tous : “la réponse qu’on attend, c’est donc que le temps de travail doit être scrupuleusement respecté. On souhaite que les stages qui ne respectent pas les demi-journées de formation et dépassent le cadre légal, se voient retirer l’agrément”, affirme-t-il. Le président du syndicat rappelle par ailleurs qu’un engagement fort avait été pris par le prédécesseur du Pr Samuel sur le sujet. “Les Doyens, comme les directeurs d’établissement, ont signé un document sur lequel ils ont pris des engagements à propos du temps de travail. Ils doivent notamment mettre en place un système qui permet de s’assurer du respect et de l’évaluation fidèle du décompte”, explique-t-il. Enfin, Mathilde Renker a rappelé que le phénomène de santé mentale dégradé est loin d’être un nouveau sujet, comme l’assurait le Pr Samuel : “Une enquête qu’on a publiée en 2017 montrait déjà ce phénomène, celle de 2021 a prouvé son accroissement. Il y a une réelle prise de conscience sur ces enjeux et on doit tout mettre en place pour que les étudiants en médecine soient bien dans leurs études.” *DES : diplôme d’études spécialisées
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