Augmenter de moitié le nombre d'étudiants en médecine ? Un objectif "pas réaliste", selon les doyens
La Conférence des doyens de médecine a jugé difficilement réalisable la hausse du nombre d'étudiants en médecine annoncée par Gabriel Attal en avril. "C'est une marche à franchir", a indiqué le Doyen des doyens, jeudi 12 septembre. Il demande une augmentation des moyens matériels et humains, avec la formation d'enseignants.
Faire passer de plus de 10 000 à 16 000 le nombre d'étudiants en deuxième année de médecine formés par an d'ici à 2027 ? C'est le souhait évoqué en avril dernier par Gabriel Attal, alors Premier ministre. Un objectif irréaliste selon le Pr Benoît Veber, à la tête de la Conférence des doyens de médecine. "Ce n'[est] juste pas réaliste, a-t-il tonné. C'est une montée en charge qui doit se faire sur cinq à dix ans […] Laissons-nous le temps de piloter les choses."
Reconnaissant un manque de praticiens "en médecine générale" et "dans beaucoup d'autres disciplines", cette augmentation massive du nombre d'étudiants reste une "marche à franchir", a estimé le Doyen des doyens, à l'occasion d'une conférence de presse. "Tout le monde s'accorde" sur la nécessité d'augmenter "le nombre de médecins en formation" et "les doyens ont dit [à l'ancien] Premier ministre qu'ils étaient les bons correspondants pour travailler" sur cet objectif, a-t-il poursuivi.
Selon les doyens, la fin du numerus clausus à la rentrée 2020 – remplacé par le numerus apertus – a permis une hausse de 20% des effectifs dans les facultés de médecine. Et si l'effort doit se poursuivre, celui-ci doit s'accompagner de moyens, prévient le président de la Conférence. "Il faut que l'Etat nous accompagne en termes de moyens, avec une hausse du nombre d'enseignants mais également des moyens matériels", a-t-il détaillé : "On accompagnera cette augmentation [du nombre de carabins, NDLR] mais dans une vision pluriannuelle, avec un étalement de celle-ci autant que faire se peut pour que l'on puisse maintenir une qualité de formation."
"Je ne sais pas bien comment on va faire et quels budget sont prévus [pour atteindre cet objectif]…", a renchéri le Pr Bruno Riou, vice-président de la Conférence.
"On ne construit pas une fac en deux ans"
Parmi les craintes avancées par les doyens : le manque d'enseignants, particulièrement important dans certaines spécialités, ainsi que les capacités d'accueil limitées des universités. "Les facultés sont très clairement saturées, a lâché le Pr Veber. Les bibliothèques universitaires et les Crous sont trop petits, comme les amphithéâtres. Les petites salles ne sont pas assez nombreuses […] On s'en sort encore, on jongle. Mais c'est sûr qu'une augmentation rapide du nombre d'étudiants va compromettre les enseignements en petits groupes."
Or, "on ne construit par une faculté en deux ans", a rappelé le président de la Conférence. Et "on ne forme pas des universitaires d'un coup de cuillère à pot. Il faut du temps pour avoir des professeurs et des maîtres de conférences qui soient capables d'encadrer correctement des étudiants." Dans ce contexte, les doyens proposent donc une "montée en charge beaucoup plus lente" du nombre de carabins, "sûrement pas en trois ans, mais en cinq à dix ans et en fonction des moyens qui [leur] sont affectés".
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