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Pass/LAS : comment les doyens de médecine veulent rectifier le tir

Face à "la complexité" de l'accès aux études de médecine, la Conférence des doyens envisage plusieurs pistes pour "améliorer" la réforme du premier cycle. Elle propose notamment de ne rendre possible qu'une seule voie d'accès aux filières santé par université. Ces dernières devraient alors choisir entre un "système tout LAS [ou] tout PASS ", a expliqué le Doyen des doyens, ce jeudi 12 septembre.

12/09/2024 Par Chloé Subileau
PASS/LAS
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Engager "une simplification et rendre plus lisible l'accès aux études de santé". C'est l'objectif affiché ce jeudi 12 septembre par le Pr Benoît Veber, à l'occasion d'une grande conférence de presse de rentrée organisée par la Conférence des doyens de médecine. Alors que la Cour des comptes doit rendre à l'automne un audit sur la réforme du premier cycle des études médicales (R1C), le Doyen des doyens assurer vouloir "améliorer" les modalités d'accès aux filières santé en place (médecine, pharmacie, odontologie…). A l'heure actuelle, "il y a une mauvaise perception de cette réforme par les lycéens et leurs familles du fait de sa complexité", assure le Pr Veber, citant de premières conclusions du rapport de la Cour des comptes. 

"La cohabitation dans une même université de plusieurs modalités d'admission [entre les LAS et les Pass*, NDLR] est vécue comme une complexité illisible, a-t-il poursuivi. Il est aussi clairement noté que les étudiants qui proviennent des LAS ont une mauvaise vision de leur formation, ce qui pose un vrai problème de dévalorisation inutile et inacceptable. [Ces étudiants] comptent aussi plus de redoublements que ceux issus de Pass." 

Face à ces premiers constats, la Conférence des doyens souhaite formuler "à l'automne" plusieurs propositions auprès du prochain ministre de l'Enseignement supérieur pour revoir certaines modalités de la R1C. "Plusieurs axes forts" se dégagent, précise le Pr Veber, dont le premier est de n'ouvrir plus qu'une seule voie d'accès aux filières santé par université. Ces dernières ne pourront proposer, en première année – avant l'entrée en filières santé - qu'un "système tout LAS [ou] tout Pass, avec une LAS 2 pour tenter la deuxième chance et permettre à la marche en avant de se maintenir". "L'idée est que, dans les universités qui maintiendront une Pass, qu'il n'y ait pas de LAS 1 pour que les lycéens sachent [selon les universités] qu'ils peuvent s'inscrire [uniquement] en LAS ou en Pass, sans compétition entre ces deux voies dans les universités", explique le président de la Conférence. 

Limiter le nombre de LAS 

Obligées de faire un choix, les facultés qui décideraient de se tourner vers un système "tout LAS" devront toutefois veiller à "ne pas multiplier" les LAS disponibles. "Il faut qu'elles aient une cohérence avec le projet professionnel, estime le Pr Veber. Il y a par exemple à Paris une LAS de coréen ; [ce] n'est pas une évidence pour moi." "Il faut maintenir une cohérence entre la discipline de la LAS et les formations en santé, ce qui limite[rait] le nombre de LAS" proposées, soutient le Doyen des doyens.  

Mais le Pr Veber insiste : cette proposition n'est pas celle d'une licence unique santé avancée par certains syndicats étudiants. "Ce n'est pas tout à fait la même chose, assure-t-il. Une LAS santé unique pour l'ensemble de la promotion ne nous [semble] pas réaliste au sens des débouchés professionnels, tous les étudiants ne pourront pas entrer dans les filières santé." Et ceux échouant ne pourront pas tous redoubler dans la même filière. "Ils devront revenir à zéro car ils n'auront rien", juge le Pr Veber. Une situation qui irait à l'encontre des objectifs initiaux de la R1C. 

Au-delà de cette première proposition, "les doyens de médecine souhaitent que les étudiants qui sont admis en deuxième année des études de santé aient au préalable le même cursus de connaissances à acquérir et le même volume d'enseignements". Aujourd'hui, des disparités de connaissances entre les élèves en Pass et ceux en LAS sont parfois pointées du doigt. "On a des promotions qui sont trop hétérogènes en deuxième année. On a des étudiants qui ont pu aller jusqu'à 400 heures [d'enseignements] en première année en Pass sur les matières biomédicales, et 100 heures quand ils proviennent de LAS. Pour éviter la dévalorisation de [ces derniers], il me paraît important d'assurer que le volume d'enseignements au préalable est identique", a expliqué le Pr Veber. 

"Régler le problème de l'interclassement" 

Enfin, les doyens proposent de "régler le problème de l'interclassement" entre les LAS. Ce changement, qui ne concernera que "les universités qui maintiendraient un système tout LAS", vise à mettre fin aux incompréhensions de ce système. Chaque année, de nombreux étudiants se plaignent de l'harmonisation de leurs notes.  

Mais comment mettre fin à ce calcul, qui permet de comparer et classer les élèves issus de différentes licences ? "C'est une vraie difficulté", reconnait le Pr Veber. Le président de la Conférence des doyens trouve une solution en se tournant vers "l'enseignement commun [à toutes les LAS] sur l'UE** Santé", soit les matières directement liées au domaine médical. "Il fau[drait] que les étudiants valident leur LAS avec une note, et ensuite ils doivent être classés sur la base de l'UE Santé", dont le volume d'enseignements serait renforcé. "Si l'UE Santé est augmentée, il sera possible de les classer sur [cette base] sur une épreuve commune", développe le Doyen des doyens. 

Ces propositions, qui ne constituent pas "une réforme de la réforme", doivent encore être présentées et débattues avec le prochain Gouvernement, dont la nomination se fait attendre. Ces mesures viendraient s'ajouter à de premières modifications de la R1C, actées début juillet par un décret et un arrêté. Ces dernières prévoient, dès cette rentrée 2024, de nouvelles modalités pour les oraux d'admission en deuxième année. Harmonisées, ces épreuves doivent désormais être pondérées à 30% par les universités et leur nombre limité entre deux et quatre.  

Pour Emmanuel d'Astorg, président du collectif Pass/LAS, le constat avancé par la Conférence des doyens reste, avant tout, celui d'un "échec". Même si l'institution affirme qu'il "ne s'agit pas d'une réforme de la réforme, cela y ressemble tout de même fortement". "Personne ne comprend rien [à la R1C], car même ceux qui l'organisent ne sont pas capables de l'expliquer, réagit-il auprès d'Egora. C'est navrant et [cela] renforce encore un peu plus notre demande de revoir toute cette réforme afin de la rendre enfin lisible, compréhensible et juste."

 

*Licence d'accès santé (LAS), parcours d'accès spécifique santé (Pass) 

*Unité d'enseignement (UE) 

Les soirées d'intégration en médecine sont-elles problématiques?

Naïma  Patron

Naïma Patron

Non

Cela a évolué. Mon fils vient de faire son weekend d'intégration il y a une semaine à peine. J'appréhendais car il ne boit jamais ... Lire plus

10 commentaires
21 débatteurs en ligne21 en ligne
Photo de profil de Anne S
247 points
il y a 2 mois
Chez nos voisins belges, un examen d'entrée d'une journée pour vérifier le niveau scientifique et d'humanité des etdiants puis un cursus clairement établi où la bienveillance est de mise. Les spéciali
Photo de profil de Jeanne I
162 points
Débatteur Renommé
il y a 2 mois
Bonjour ! On s'acharne à faire compliqué comme si celà permettrait d'avoir plus de compétences au final! Il faut des conférences de doyen pour faire simple ? Le bon vieux système d'avant le numérus
il y a 2 mois
Ou comment ne pas avouer que l’on a tort ! Une usine à gaz restera une usine à gaz n’en déplaise à M. Weber et encore plus à M. Diot qui a défendu cette réforme corps et âme !!! C’est effectivement un
 
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