Egora.fr : Félicitations pour votre résultat ! Vous vous attendiez à un tel classement ? Lahcène Belaidi : Ce n'était pas tellement une surprise dans le sens où c'est à peu près cohérent avec les concours blancs. J'étais dans l'optique où je voulais vraiment m'investir : je faisais des fiches sur tous les items, en D4 j'ai sous-collé avec un bon ami qui a aussi fini dans les 100 premiers, j'ai fait des conférences de préparation… Venons-en à la question que tout le monde se pose : pourquoi la santé pub', alors que la cardio vous tendait les bras ? (Rires.) Évidemment ce n’est pas un choix de première intention, on ne se dit pas en première année qu'on va faire santé publique, mais c'est venu petit à petit, et pas mal d'arguments me poussaient dans ce sens-là. C’est très vaste d’un point de vue disciplinaire : maladies infectieuse, oncologie, cardiologie, néphrologie, psychiatrie, tout ça m’intéressait, je voulais garder un contact avec tout. En même temps, je trouve que la médecine est un monde assez fermé sur lui-même et c’est bien de pouvoir aussi garder un contact avec des disciplines "non médicales". Notamment avec les sciences dures parce que j’ai une forte appétence pour les raisonnements mathématiques. Et aussi les sciences sociales : éthique, économie, géopolitique... Un choix intellectuel, donc. D'autres raisons ? Du point de vue des modalités d'exercice, on travaille vraiment à moyen ou long terme, pas dans l'urgence de la clinique. C'est quelque chose qui me correspondait plus, de prendre du recul et d'avoir le temps de la réflexion. Et on travaille aussi à plus large échelle. J’ai toujours été plus dans l’abstrait que dans le concret et le terre à terre – contrairement à la plupart de mes camarades. Le fait d'exercer à distance du patient, c'est plutôt un attrait pour vous ? C’était mitigé parce que j’aime bien le contact humain de temps en temps, mais en général les spécialités cliniques sont très prenantes et ne laissent pas beaucoup de temps pour étudier et faire des choses à côté. En santé pub', on peut faire son internat "à la carte", un peu comme on l'entend. Et il y a aussi le côté international : pouvoir voyager et avoir un impact sur la santé des pays les moins avancés.
Comment avez-vous as préparé votre choix d'internat ? J'ai commencé par me renseigner sur internet. Au début j'hésitais un peu avec oncologie ou néphrologie, mais j'ai choisi à peu près en milieu de D3. En D4 j’ai rencontré le Pr Thiebaut à Bordeaux, à qui j’ai demandé de faire un stage en été. Il m’a accueilli dans son unité en juillet dernier et ça s’est très bien passé. C’était dans l'unité de soutien méthodologique à la recherche clinique, qui apporte un soutien méthodologique aux chercheurs du CHU de Bordeaux. Mais vous avez finalement opté pour Paris. Jusqu’en juillet, j’étais parti pour rester à Bordeaux puis en voyant l’offre de terrains de stage et de débouchés à Paris, très vaste, ça m’a fait hésiter. Tout ce qui est institut national – HAS, ANSM, institut Pasteur – est concentré à Paris, il y a énormément d’instituts de recherche, tout le milieu des startups aussi. De manière générale en France, on est quand même très centralisés. Dans un monde idéal, à quoi ressemblerait votre future carrière ? Pour l’instant, ça reste assez vague : l’idéal pour moi serait de travailler dans l’IA et les data science, c'est un peu la grande mode en ce moment, ou faire de la modélisation mathématique en médecine, notamment sur les épidémies. Mais je n’exclus pas non plus de travailler sur un versant plus orienté éthique et sciences sociales, économie. Mais a priori un profil chercheur, donc.
Quelles ont été les réactions autour de vous à l'annonce de votre choix ? Quand on dit qu’on veut faire santé pub', les gens ont toujours un petit moment d’étonnement. Mais après quand j’explique mes raisons, en général la personne comprend !
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