Addictologie : repérer les vraies urgences en médecine générale
Quelles sont les vraies urgences en addictologie pour le médecin généraliste ? Autrement dit, quelles sont celles qui méritent un déplacement et/ou une prise en charge en urgence ? C’est à cette question qu’ont cherché à répondre plusieurs spécialistes réunis lors d’une session dédiée au cours du 17ème Congrès Médecine Générale France (Palais des Congrès de Paris, 21-23 mars).
Ainsi, le délirium tremens (agitation, convulsions, etc.), la forme la plus grave de sevrage alcoolique, est aussi le seul susceptible de provoquer le décès du patient. Il constitue donc une raison de déplacement urgent, même si sa gestion ne relève pas de la médecine générale. A noter que le sevrage de l’héroïne, qui peut susciter beaucoup de craintes, n’est pourtant jamais mortel. Autre cas de figure, un patient jeune sous Subutex et cocaïne qui ne bouge plus… Là, un déplacement en urgence est bien sûr la règle, en appelant le 15 pour un soutien Samu et le traitement - s’il n’est pas trop tard - de ce qui est vraisemblablement une overdose, avec l’antidote que l’on est censé avoir dans sa trousse… Il se produit en France environ 800 décès par an par overdose aux opiacés.
Réagir devant un cas complexe ou délicat
Il est parfois difficile de prioriser les sevrages, en cas de multiconsommation. En particulier, quelle est la conduite à tenir pour une femme à son 2ème mois de grossesse, sous buprénorphine, qui fume, du cannabis aussi, boit à l’occasion, prend “un peu“ de cocaïne ? Le plus urgent des sevrages est certainement la cocaïne, suivi par le tabac et le cannabis, la dose de buprénorphine devant être maintenue tout au long de la grossesse. La consommation de cocaïne par les femmes enceintes peut être sous-estimée parce que non quotidienne ; elle est pourtant une réalité pour 10 % des femmes, ce qui oblige à poser systématiquement la question. Une homme jeune tabagique souffrant d’un syndrome de menace cardiovasculaire nécessite également une prise en charge urgente pour d’abord évaluer sa motivation au changement, en posant des questions précises (sans jugement), ce qui constitue déjà une intervention.
A une personne addictive venue en avance de 10 jours pour le renouvellement de son produit de substitution au motif qu’elle en aurait perdu une boîte, on ne prescrit qu’une boîte seulement (de 7 comprimés). Les comprimés réclamés de surcroît peuvent signifier déjà un dérapage, symptôme d’une déstabilisation de la maladie addictive dont il faut parler pour ajuster éventuellement les doses. Pour un patient sous méthadone depuis 14 ans à qui l’on a découvert des métastases osseuses, le produit de substitution reste indiqué et on y ajoute des opiacés : une fois stabilisé avec la méthadone, ce patient souffrant a accès aux mêmes antalgiques que toute autre patient.
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