Cancer du poumon : une vaste étude contredit la HAS sur l’intérêt d’un dépistage systématique
Baptisée Nelson, cette étude belgo-néerlandaise a porté sur 15 792 personnes présentant un risque élevé de développer un cancer du poumon. Les participants ont été répartis aléatoirement en deux groupes dont l’un a bénéficié d'un dépistage et l’autre non. Le dépistage consistait en la réalisation à intervalles réguliers de scanners thoraciques. Le suivi a été de 10 ans. Les chercheurs ont mis en évidence que le dépistage avait amélioré le taux de survie, avec une réduction de 26 % des décès dus au cancer du poumon chez les hommes. La réduction était même supérieure chez les femmes. En outre, 69% des cancers détectés était à un stade 1A ou 1B ; et le taux d’intervention chirurgicale était multiplié par presque 3 dans le groupe dépistage (67,7 contre 24,5%). Pour l’European Lung Foundation, "cette étude pourrait marquer un tournant dans la prise en charge du cancer du poumon". L’European Respiratory Society (ERS) a salué ces "résultats attendus depuis longtemps". Et elle encourage les pays européens à instaurer sans tarder des programmes de dépistage du cancer du poumon pour les personnes à haut risque, de façon à diminuer le nombre de cancers détectés trop tardivement. Elle exhorte l’UE à élaborer des directives visant à aider ses États membres à mettre ces programmes en place. En 2016, la HAS a considéré que le dépistage du cancer du poumon chez les fumeurs ne serait pas utile. Elle estimait que la maladie était difficilement détectable à un stade précoce à cause de sa rapidité d'évolution ; et que l'examen de dépistage par scanner thoracique générait trop de faux positifs. Elle soulignait également que les possibilités de traitements étaient restreintes, même à un stade précoce, et que la réduction de la mortalité grâce au dépistage n'est pas établie. "Il y a trop de risques et d'inconvénients associés à ce dépistage pour des bénéfices très incertains : les inconvénients d'un dépistage du cancer du poumon par scanner thoracique sont nombreux, avec des complications parfois graves voire mortelles suite à l'exploration d'anomalies non cancéreuses identifiées au scanner. Les bénéfices quant à eux sont très incertains", soulignait la HAS, qui insistait sur la nécessité d'intensifier la lutte contre le tabagisme. L’étude Nelson pourrait bien changer la donne. Ainsi, le Pr Charles-Hugo Marquette (CHU de Nice), interrogé par Le Journal du Dimanche, précise : "le nombre de faux-diagnostics est réduit de deux tiers. En outre, ces excellents résultats ont été obtenus dans des systèmes de santé comparables au nôtre".
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus