À l’occasion de la Journée mondiale du cancer, le 4 février, Emmanuel Macron, a exposé les lignes directrices de la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030, lors des 8ème rencontres annuelles de l’Institut national du Cancer (INCa). Le chef de l'État a annoncé une hausse de 20% des moyens déployés avec 1,74 milliard d’euros mobilisés sur les 5 ans à venir. Lors de cette présentation, le président de l’INCa, Nobert Ifrah a rappelé que « les 3 précédents plans cancers ont mobilisé des efforts considérables, mais les résultats sont là : une réduction sans précédent du tabagisme, un taux d’incidence des cancers qui diminue et le taux de mortalité en baisse régulière ». Mais pour l’INCa, les efforts doivent être renforcés. En effet, le nombre de décès dus au cancer plafonne toujours à 150.000 par an, un chiffre trop haut pour Emmanuel Macron qui souhaite le faire passer à 100.000 en dix ans. Pour cela, le président de la république a détaillé son plan d’action en définissant quatre axes majeurs déclinés en 234 actions concrètes.
Le premier concerne la prévention et la nécessité d’acquérir une bonne hygiène de vie basée sur une activité sportive adaptée, une alimentation équilibrée ainsi qu’un air sain. Le Président de la République a ainsi rappelé que : « 40% des cancers pourraient être évités par des comportements plus vertueux. Aussi, la première manière de soigner le cancer est de faire en sorte qu’il ne se déclenche pas. » Parmi les objectifs majeurs de ce nouveau plan de lutte, figurent donc la réduction de 60.000 cas par an d'ici 2040 du nombre des "cancers évitables", sur un total de 153.000. En cause, en particulier, l’alcool et le tabac. Ce dernier est responsable de 75.000 décès par an, et reste la première cause de mortalité évitable ; les cancers étant la première cause de décès attribuable au tabagisme. La prévalence du tabagisme reste très élevée en France, malgré 1,9 million de fumeurs quotidiens en moins entre 2014 et 2019. Emmanuel Macron « souhaite que la génération qui aura 20 ans en 2030 soit la première sans tabac de l’Histoire récente ». « C’est une mobilisation de...
toute la société que nous engageons. » Il préconise aussi de renforcer l’information auprès des jeunes sur les dégâts liés à l’alcoolisme. En effet, selon un bilan d'évaluation dressé en octobre par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l'IGESR (pour les ministères de l'Éducation, du Sport et de la Recherche), il serait responsable d’environ 16.000 décès annuels par cancer. Le dépistage est un autre domaine majeur de la lutte contre le cancer et « doit être à la fois accessible à tous et le plus précoce possible. Car plus les cancers sont détectés tôt, plus les chances de guérison sont grandes, et le risque de séquelles faibles ». Le chef de l’Etat a exprimé sa volonté de vouloir atteindre la barre du million de dépistages supplémentaires dans les années à venir en plus des 9 millions annuels actuellement, concernant, en particulier, les cancers du col de l’utérus, du sein ou le cancer colorectal. En effet, ce dernier a un taux de guérison qui atteint de 90% s’il est pris en charge à temps ; mais moins de 3 personnes sur 10 se font dépister.
Se préoccuper de l'après Le deuxième axe de la stratégie gouvernementale contre le cancer est l’amélioration de l’accompagnement des patients et la réduction des séquelles engendrées par le cancer. Deux domaines principaux doivent être développés : le traitement, fondé sur une meilleure organisation des modalités de recueil et d’analyse par les équipes soignantes, ainsi que l’emploi. Celui-ci s’appuie sur des évolutions des dispositifs du droit du travail concernant le mi-temps thérapeutique, le droit à l’oubli lors de prêts bancaires ainsi qu’une adaptation des études et des formations. Le chef de l’Etat insiste notamment sur le problème des séquelles qui « a longtemps été un angle mort et constitue un axe important de cette stratégie. On voulait légitimement, jusqu’à récemment, guérir coûte que coûte, sans toujours se préoccuper de l’après ». Le troisième axe consiste à lutter contre les cancers de mauvais pronostic. Pour ce faire, les soins feront l’objet d’une attention soutenue pour développer un parcours reposant sur un diagnostic et une orientation rapide ainsi qu’une recherche clinique renforcée. La lutte contre les cancers chez les enfants, adolescents et jeunes adultes est une autre priorité de cet axe qui vise à améliorer les taux de guérison, la survie globale et la qualité de vie de ce jeune public. Enfin, le quatrième et dernier axe est transversal. Il vise à lutter contre les inégalités...
de santé sociale et territoriale. Il s’assure de la juste équité de l’accès aux soins pour chaque citoyen quel que soit son niveau de vie. Pour le Pr Norbert Ifrah, « la stratégie décennale donne une place essentielle à la recherche pour permettre l’amélioration des connaissances et la réalisation des progrès nécessaires au bénéfice de l’ensemble de nos concitoyens. Tout l’enjeu est de favoriser l’émergence, le transfert et l’appropriation de l’innovation par toutes les voies qu’offre cette recherche : de la compréhension de l’hétérogénéité des tumeurs, à la connaissance des voies du fonctionnement cellulaire ou des déterminants de la réponse immune qu’il faut bloquer pour compromettre un processus cancéreux ; dans l’efficacité d’une approche diagnostique ou d’un traitement, dans sa tolérance. La recherche est aussi dans l’étude des comportements des personnes en addiction ou qui au contraire fuient l’évidence. Elle est dans la détermination des voies d’abord chirurgical les plus efficaces ».
Un accueil favorable de la part des acteurs impliqués La Fédération des centres de lutte contre le cancer (CLCC) s’est félicitée de l’augmentation substantielle des moyens alloués. Le réseau Unicancer, reconnu comme leader français de la recherche en cancérologie, salue particulièrement l’objectif de consacrer 50% de ce budget à la recherche : « Celle-ci est au cœur de l’action des CLCC. Au cours des dernières années, la cancérologie a prouvé qu’elle était un formidable terrain d’innovations thérapeutiques, technologiques et organisationnelles », a notamment déclaré le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer. Les annonces liées à la volonté de mieux accompagner les patients atteints de cancer, pendant et après leur pathologie sont également favorablement accueillies par l’Institut Curie, premier centre de lutte contre le cancer en France : « Les progrès de la recherche et de la prise en charge font avancer le cancer sur la voie de la 'chronicisation', ajoute Thierry Philip, président du directoire de l’Institut Curie. Le cancer comme maladie chronique nécessite l’accélération de la prise en charge des séquelles médicales, sociales, psychologiques, économiques mais aussi, un renforcement du rôle patient-partenaire, encore trop peu évoqué mais sur lequel l’Institut Curie est très mobilisé. » Cette stratégie nationale s’aligne sur le « Plan européen pour vaincre le cancer », présenté le 3 février à la Commission européenne. Evoluant sur 10 ans également, il est doté d’un montant de 4 milliards d’euro dédiés à des actions de lutte contre le cancer qui viendront compléter les programmes déjà lancés tel que, par exemple, « l’UE pour la santé ou Horizon Europe ». « A 27 on peut faire mieux, plus vite. Nous sommes en train de le vivre et de le démontrer dans la lutte contre l’épidémie. C’est ce que nous devons faire, dans cette lutte contre les cancers », a déclaré le chef de l’Etat à la fin de son intervention.
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