Plusieurs travaux, menés en Chine, en Italie et en Espagne, ont fait état de divers signes cutanés possiblement associés avec le Covid-19, avec des prévalences très variables (de 0,2% à 45,6% des patients). Pour s’assurer de l’ampleur de ces effets, la Société française de dermatologie (SFD) a mené au printemps 2020 l’étude CovidSkin, lançant un appel auprès des généralistes et des dermatologues afin de lui faire remonter d’éventuels cas.
De cette expérience, ce sont les engelures qui émergent en premier lieu : "Nous en avons énormément vu en 2020, particulièrement entre mars et juin. Elles survenaient en particulier chez des patients jeunes, en très bon état général, présentant peu de signes de Covid-19", indique la présidente de la SFD, le Pr Marie Beylot-Barry. Mais au final, la preuve formelle de Covid-19 a très rarement été établie : parmi 311 patients présentant des manifestations acrales (dont 65% d’engelures), seuls 10 des 150 testés pour le Covid-19 (6,7%) étaient positifs (1).
Il demeure toutefois difficile d’exclure l’existence d’un lien : d’autres travaux (2) ont montré chez des patients atteints d’engelures une sécrétion locale d’interféron, évocatrice d’une réponse précoce à une infection virale, et des cas familiaux ont été décrits.
Un impact du confinement ?
Survenant en dehors des mois hivernaux, cette vague d’engelures reste assez "troublante : il n’est pas exclu qu’il y ait un rapport, mais pas forcément de manière directe", commente Marie Beylot-Barry. En particulier via le confinement : "Le rôle de l’inactivité liée au confinement, comme évoqué par d’autres publications où les patients interrogés signalaient marcher pieds nus chez eux, de même que les écarts importants de température, pourraient aussi avoir joué un rôle dans cette recrudescence ‘épidémique’ de lésion à type d’engelures." Liée ou non au Covid-19, de manière directe ou indirecte, cette recrudescence d’engelures n’est pas survenue fin 2020, lors de la deuxième vague épidémique –dont le confinement a été moins strict.
D’autres manifestations moins bénignes
Outre les engelures, d’autres manifestations, moins bénignes, sont apparues chez des patients hospitalisés. "Ce sont des choses rares, même chez les patients présentant un Covid-19 sévère", note la présidente de la SFD. Une analyse de 101 personnes incluses dans CovidSkin (3) révèle ainsi la présence d’exanthèmes maculopapuleux (les plus fréquents), mais aussi d’urticaires, d’œdèmes du dos des mains, d’éruptions érythémateuses du visage, d’érythèmes noueux ou encore de livédo, voire de lésions nécrotiques.
Selon une étude menée à l’hôpital Cochin, seules 1% des personnes atteintes de Covid-19 étaient touchées par de telles manifestations, et une analyse de la littérature conclut à une fréquence de 1,7% (4). Dans cette dernière, la présence d’un rash semble associée à des formes plus graves du Covid-19 : 64% des patients étaient jugés dans un état sévère. A l’inverse, ceux atteints d’engelures n’étaient que 5% à être considérés atteints d’un Covid-19 sévère. Qu’il s’agisse d’engelures ou de manifestations plus sérieuses, leur hétérogénéité et leur non-spécificité confirme qu’elles n’ont "pas d’intérêt diagnostique" dans le Covid-19, conclut Marie Beylot-Barry.
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