Covid : l’Académie veut renforcer la surveillance cardiovasculaire des patients
Il existe en effet de nombreuses interactions entre l’infection Covid et les maladies cardiovasculaires, qui constituent de véritables « liaisons dangereuses » selon les propos de l’Académie de médecine. Ainsi, la crise du Covid a fortement impacté la prise en charge des maladies cardiovasculaires, qui ont été négligées pendant la pandémie. Les interactions entre les 2 pathologies existent en premier lieu sur le plan physiopathologique. Ainsi, le coronavirus entre dans la cellule via le récepteur membranaire ACE2 (enzyme de conversion de l’angiotensine 2), qui est la cible des inhibiteurs du système rénine/angiotensine (IEC) et des antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA-II ou sartans). Les patients souffrant de maladie cardiovasculaire, ainsi que les patients à haut risque cardiovasculaire, ont par ailleurs été rapidement considérés comme à risque de développer une forme grave de l’infection. Les complications survenant au cours de la phase immuno-inflammatoire de la Covid 19, peuvent être constituées par des accidents thromboemboliques, mais aussi une insuffisance cardiaque (liée à une myocardite ou d’autre cause), des troubles du ryhtme... « En revanche, l’emploi des IEC et des ARA-II chez des patients atteints de Covid-19 ne semble pas associé à une surmortalité, ni à un risque accru d’hospitalisation ou de recours à la ventilation assistée, suggérant qu’il ne faut pas interrompre ces traitements en cas d’infection par le SARS-CoV-2 » précise l’Académie de médecine. Chez l’enfant, l’atteinte potentiellement grave constituée par le syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS), retrouve souvent la présence d’une myocardite. Par ailleurs, si la vaccination contre le Covid peut entrainer une atteinte inflammatoire du péricarde ou du myocarde, en particulier chez l’adolescent ou l’adulte jeune, le risque et bien inférieur à celui associé à l’infection elle-même. Des risques même en cas d’infection bénigne L’ensemble de ces complications cardiovasculaires ont généralement été rapportées, jusqu’à présent, au décours de la phase aiguë de la Covid-19 (Covids longs), et « uniquement chez des patients hospitalisés, dans de petites séries et avec une durée de suivi brève », souligne l’Académie. Cependant de récentes données alertent sur la possibilité de séquelles cardiovasculaires chez des patients jeunes et ayant eu un Covid non compliqué. Ainsi, une étude américaine (Brito D et al. J Am Coll Cardiol Img. 2021, 14 (3) : 541–5) réalisée sur 54 étudiants sportifs universitaires convalescents de Covid-19, a montré des signes d’atteinte péricardique chez 39,5% d’entre eux, même si ces lésions étaient en cours de résolution. En outre, encore plus récemment, une vaste étude (Xie Y. et al. Nature Medicine, 7 février 2022) effectuée sur une cohorte de 153 700 vétérans américains (89% d’hommes, âge moyen 61,4 ans) a rapporté que des complications cardiovasculaires tardives après Covid-19 peuvent survenir chez tous les patients, avec ou sans antécédents ou facteurs de risque cardiovasculaires, ayant été hospitalisés ou non. Les patients étaient comparés, à partir d’un mois après l’infection, à deux cohortes de 5 millions de sujets témoins. Le suivi était d’un an. Les auteurs ont ainsi mis en évidence une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires (pathologies cérébrovasculaires, cardiopathies ischémiques et non ischémiques, troubles du rythme, péricardite, myocardite, insuffisance cardiaque, maladies thromboemboliques) qui persistait pendant l’année de suivi chez tous les patients, même chez ceux qui n’avaient pas été hospitalisés. « Ces résultats sont à confirmer sur des cohortes de sujets plus jeunes, avec un sexe ratio équilibré, prenant en compte les variants Delta et Omicron, avec des périodes de suivi plus prolongées, commente cependant l’Académie de médecine. Ils font présager une augmentation significative des maladies cardiovasculaires dans le monde ». En conséquence les sages recommandent de surveiller cliniquement sur le plan cardiovasculaire « tous les sujets ayant une infection Covid-19, même bénigne » et notamment les patients à fort risque cardiovasculaire, et de renforcer chez eux, les mesures de prévention contre une réinfection par le SARS-CoV2. Elle rappelle, en outre l’efficacité d’une vaccination complète « le moyen le plus efficace pour éviter la survenue de complications cardiovasculaires après Covid-19 », et la nécessité de ne pas interrompre un traitement par IEC ou ARA-II.
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