Un patient qui n’est pas à jour de ses vaccinations, qui ne sait plus où il en est, ou encore qui a perdu son carnet de vaccination… Voilà des situations très fréquentes en médecine générale. Pourtant, jusqu’à présent, aucune recommandation n’avait été formulée par les autorités de santé dans ce domaine. La Haute Autorité de santé (HAS) a donc décidé de se saisir de cette question. Elle vient de publier des recommandations sur le rattrapage vaccinal, détaillant les bonnes pratiques et les vaccins à privilégier. Elles sont assorties de 4 fiches de synthèse pratiques. Pour ce travail, la HAS, en association avec la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), a effectué une revue de la littérature. Un premier texte a ensuite été mis en consultation publique permettant de recueillir les contributions de diverses d'associations de patients et d'usagers, de collèges nationaux de professionnels ou de fabricants. Le texte définitif a ensuite été établi par la Commission technique des vaccinations. Ces recommandations reposent tout d’abord sur quelques grands principes, qui tordent le cou à certaines idées reçues. En premier lieu, le fait qu’il n’est pas dangereux d’administrer des vaccins à une personne déjà vaccinée ou déjà immunisée, "et donc un rattrapage vaccinal est indiqué en cas de statut inconnu". Pour affirmer une vaccination, un document officiel est nécessaire. En son absence, la personne est considérée comme non vaccinée.
Le nombre d’injections lors d’une seule consultation peut aller jusqu’à 4, à condition de les réaliser dans des sites différents. Cela se décide en fonction de l’acceptabilité du patient. Il semble que le fait de réaliser plus de deux injections en même temps est généralement bien tolérée, "sans augmentation de réactogénicité par rapport à la réalisation d’injections à des visites distinctes", précise la HAS. Cela permet...
de faciliter un rattrapage rapide. Les vaccins combinés sont à privilégier. La traçabilité des vaccinations est indispensable. Dans un contexte de doutes sur la vaccination et d’insuffisance de couverture vaccinale contre plusieurs pathologies, la HAS insiste sur la nécessité de saisir toutes les opportunités possibles pour améliorer la vaccination des patients, et effectuer un rattrapage vaccinal : il s’agira, par exemple, d’une consultation médicale, d’une consultation en milieu scolaire ou universitaire, d’une hospitalisation, d’une grossesse, ou encore d’une visite de prévention ou d'embauche. Les personnes seront, bien entendu, clairement informées sur les bénéfices et les éventuels risques des vaccinations. Deux types de rattrapage : simplifié ou avancé Le texte précise la conduite à tenir pour chaque situation. Ainsi, en l’absence de document et lorsque le patient ne connait pas ou incomplètement son statut, deux approches sont possibles en fonction du patient. Si l’on considère qu’il risque de ne pas revenir en consultation, et que celle du jour représente donc la seule opportunité possible, on peut effectuer un rattrapage dit "simplifié", réalisable en une seule consultation. En revanche, si le patient semble disposé à un suivi plus régulier, on pourra lui proposer un rattrapage "avancé", plus complet, "adapté à l'immunité de la personne et échelonné sur plusieurs consultations". Autre cas, si le patient connait son statut mais qu’il est incomplet (doses ou vaccins manquants), on administre les vaccins ou les doses manquantes selon le calendrier vaccinal en vigueur en tenant compte de leur âge.
Toutes les doses de vaccins reçues comptent indépendamment du délai écoulé depuis la dernière dose reçue. Les recommandations précisent aussi qu’aucune association de vaccins n'est déconseillée s'agissant du calendrier vaccinal français, à l'exception de l'administration des vaccins vivants contre la fièvre jaune et contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) pour lesquelles il est nécessaire de respecter un délai minimum de 28 jours entre les injections. Il est aussi conseillé de débuter le rattrapage par les vaccins protégeant contre les maladies infectieuses invasives et/ou ceux nécessitant plusieurs doses parmi ceux indiqués en fonction de l'âge. Autre précision, le dépistage de l'hépatite B en prévaccinal, quand il est indiqué, et le dosage des anticorps antitétaniques et des anticorps anti-HBs en postvaccinal 4 à 8 semaines après une injection peuvent...
être utilisés pour guider le rattrapage vaccinal. Les autres sérologies (rougeole, diphtérie, etc.) et les tests rapides (tétanos, anti-HBs, anti-HBc) ne sont pas recommandés. Des stratégies pour toucher les plus précaires Une attention particulière sera portée aux patients qui viennent d’arriver en France. La mise à jour des vaccinations doit être effectuée dans un délai optimal de 4 mois. Plus particulièrement, concernant la prévention contre les hépatites, il est recommandé de dépister et de vacciner les personnes non immunisées contre l'hépatite B. Pour l’hépatite A, un contrôle sérologique de l'immunité et une vaccination sont recommandés pour les enfants, de même que celle contre la varicelle pour les enfants et les jeunes adultes migrants. Pour les autres vaccinations (BCG, DTCaPHiB, VPC 13, Men C, ROR, HPV et grippe), les recommandations générales s’appliquent. Enfin, sur un plan plus général de la prise en charge, la HAS et la SPLIF proposent aussi plusieurs mesures visant à améliorer l’accès aux soins et à la prévention des personnes qui restent souvent éloignées des systèmes de santé (personnes migrantes, enfants et adultes en situation précarité…). Les experts proposent ainsi de réorganiser certaines structures de santé publique et médico-sociales existantes « de façon à lier la prévention et les soins en des lieux uniques ». Un renforcement des moyens financiers est aussi nécessaire, sous forme de dotation financière aux centres de vaccination "parfois dans l'incapacité de financer l'ensemble des vaccins nécessaires et de permettre l'accès à des séances de vaccinations gratuites", précise la HAS.
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