Rassemblés lors des 39es Journées de l’hypertension artérielle, qui se sont déroulées à Paris les 19 et 20 décembre 2019, les hypertensiologues ont déploré les mauvais chiffres du contrôle tensionnel dans notre pays. Les données de l’enquête HTA FLAHS 2019 (10 000 sujets de 35 ans et plus interrogés, 7 627 réponses), montrent en effet, que le pourcentage de traitement par anti-hypertenseur s’est abaissé par rapport à 2009 (27,6 % contre 30,6 %) tandis que le taux d’hypertendus traités non contrôlés (≥ 140/90 mm Hg) s’est élevé de 33 % à 36 %. « Des chiffres qui attestent qu’il existe un vrai problème de prise en charge de l’HTA en France, ce qui est très préoccupant en termes de santé publique », considère le Pr Xavier Girerd (Hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris). « Cette tendance négative, également retrouvée dans les études épidémiologiques Constances, Esteban, est notée depuis 2014 avec malgré tout un niveau de contrôle en plateau depuis 2017 ». Petit élément positif mis en évidence dans l’étude FLAHS 2019, qui avait la particularité de recourir pour la première fois à un autodépistage, un hypertendu traité sur deux dispose désormais d’un tensiomètre à son domicile. Il s’agit de plus dans la moitié des cas, d’un autotensiomètre au bras comme recommandé, alors qu’il y a 10 ans, les appareils de poignet, moins performants, prédominaient. D’autres données de la cohorte Constances, qui rassemble 200 000 participants volontaires de 18 à 69 ans ayant consulté dans un centre d’examen de la Sécurité sociale, ont montré à partir de l’analyse de 10710 hypertendus traités que le taux de non contrôle (56 % dans cette étude) est plus important chez les hommes (odds ratio de 1,80) et associé à un faible niveau socio-économique. En revanche, l’existence d’antécédents cardiovasculaires a une influence inverse, expliquent M. Cherfane et coll. (Université Paris 13, Bobigny). Une autre analyse, entreprise sur 27 160 patients hypertendus de la cohorte, a révélé que seulement 37,5 % d’entre eux connaissaient l’existence de leur HTA avec une différence significative entre femmes (42,1 %) et hommes (34,6 %), « ce qui est probablement expliqué par une plus grande fréquentation par les premières du système de soins », estime le Dr Alexandre Vallée (Hôtel-Dieu, Paris). Avec l’âge, ou la présence de comorbidités (diabète, affection cardiovasculaire...), la connaissance de la maladie augmente aussi. Ces spécialistes de santé publique estiment qu’il serait important de développer l’information sur l’HTA, en particulier dans des populations mal suivies comme celle des hommes jeunes sans comorbidités. Confirmation du syndrome d’apnées du sommeil comme facteur de risque D’autres résultats de la cohorte Constances suggèrent que le syndrome d’apnées du sommeil (SAS) favorise l’apparition d’une HTA, « un phénomène déjà décrit dans des études avec de faibles effectifs », mentionne le Dr Pauline Balagny (Hôpital Bichat, Paris). 46 853 volontaires ont répondu au questionnaire de Berlin, qui prend en compte ronflement, somnolence, HTA et obésité et prédit l’existence d’un SAS avec une sensibilité de 86 %, une spécificité de 77 %, et une valeur prédictive positive de 89 % selon N.C. Netzer (1999), indique le Dr Balagny. La prévalence du SAS a été estimée à 8 % chez les 33 528 volontaires s’étant déclarés non hypertendus à l’inclusion. Au cours du suivi, qui a été en médiane de 2,5 ans, 5 % de ces sujets considérés comme atteints de SAS ont déclaré la survenue d’une HTA contre 1,6 % pour les 30 846 participants estimés sans SAS. Les auteurs tentent aujourd’hui de définir un profil de patient davantage à risque d’HTA selon les différentes catégories du questionnaire de Berlin (ronflements, somnolence, ou obésité).
Une étude de cohorte entreprise chez 2131 Américains d’âge moyen 73 ans souligne l’importance de contrôler le risque d’hypotension orthostatique et les variations posturales de la pression artérielle systolique (PAS) pour préserver les fonctions cognitives. Après ajustement pour de nombreux paramètres (caractéristiques démographiques, traitements, comorbidités...), une baisse de la pression orthostatique systolique (9 % de sujets concernés), définie par une réduction de plus de 15 mm Hg lors du passage de la position assise à debout, s’est en effet révélée associée à un risque accru de démence de 37 % sur 5 ans. Les fluctuations posturales tensionnelles systoliques augmentaient aussi le danger (x 1,35). « Il est probable que l’autorégulation cérébrale étant altérée avec l’âge, le mécanisme met en jeu une réduction de la perfusion cérébrale », indique le Dr Laure Rouch (Université de Californie, San Francisco).
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