Hypnose : une reconnaissance en attente

03/07/2018 Par Dr Marc Galy
Angiologie

Les spécialistes de l’hypnose réunis en congrès ont plaidé pour un encadrement de leur profession, pour lutter contre les dérives.                               

Le septième congrès "Hypnose et douleur" organisé par l’Institut de formation Emergences, s’est récemment déroulé à Saint-Malo (14-16 juin 2018). Il a rassemblé plus de 1100 professionnels de santé : médecins de différentes spécialités, infirmières, sages-femmes, kinésithérapeutes et psychologues. Il faisait suite à un colloque organisé par l’Association française pour l’étude de l’hypnose médicale (Afehm) qui s’est tenu à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière (Paris) sur le thème "Méditation et Hypnose" avec Christophe André1 (psychiatre et psychothérapeute, hôpital Sainte-Anne, Paris), et Jean Philippe Lachaux2 (directeur de recherche à l'Inserm, Centre de recherche en neurosciences de Lyon). Ces deux réunions, différentes dans leurs styles, étaient complémentaires dans leurs niveaux de réflexion et d’aide à la formation des soignants. Depuis plusieurs années, la place des outils hypnotiques dans le soin est grandissante. De plus en plus de soignants perçoivent la nécessité d’aborder la relation thérapeutique avec des outils personnalisés, plus humains, qui s’associent sans se substituer aux autres méthodes thérapeutiques. C’est pour cela que l’hypnose doit être un outil intégré dans l’arsenal thérapeutique aux mains des soignants et non laissée à quelques opportunistes venus de nulle part qui profitent du désarroi des patients. Les participants au congrès sont nombreux à s’interroger sur la reconnaissance de l’hypnose par les pouvoirs publics comme pratique médicale et soignante complémentaire. L’exposé d’un juge d’instruction à Saint-Malo en témoigne. La non reconnaissance par les instances tels que les agences régionales de santé (ARS), la Haute Autorité de Santé (HAS), le Conseil de l’Ordre des médecins ou le Ministère de la Santé de cette pratique complémentaire pose problème et laisse la place aux dérives cliniques et thérapeutiques, même si le rapport de l’Inserm de 2015 a levé certaines interrogations. Des universités organisent des diplômes de haut niveau depuis des années comme à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière depuis presque 15 ans. Des instituts privés sérieux et compétents font de même. Ce flou entretenu ne doit pas persister. Les professionnels de santé qui pratiquent l’hypnose demandent activement aux politiques et à l’administration un encadrement de ces pratiques. Sinon, le monde judiciaire va s’en charger au détriment des patients et des soignants. Ces derniers réclament un cadre médical pour accompagner les malades dans leurs parcours de soin et les aider à traverser cette épreuve avec l’aide d’outils complémentaires. Les opportunistes de tout genre ne doivent pas pouvoir utiliser l’hypnose en dehors d’une réglementation médicale.   Quel lien avec la méditation ?   Dans ces deux congrès, par rapport aux précédents, le niveau scientifique s’élève avec des présentations qui font davantage appel aux neurosciences, à l’imagerie cérébrale. Des études cliniques, certes à faible nombre de patients, viennent renforcer cette réflexion. Les communications du congrès de Saint Malo et du colloque de la Pitié montrent que l’approche clinique est alimentée également par une réflexion sur l’expérience méditative de certaines équipes, qui associent cette approche thérapeutique comme élément de "présence3 " de "perception sensorielle" et "d’attention". Pouvons-nous parler alors d’"hypnose méditative" ou de "méditation hypnotique", le débat est ouvert4. Les interventions d’Olivier Fleureaux (médecin anesthésiste-réanimateur, Lorient) à Saint-Malo, de Christophe André et Jean Philippe Lachaux à la Pitié vont peut-être dans ce sens. La conférence du philosophe Michel Serres sur le "temps" montre que cette notion alimente une réflexion plus globale : le temps du soin, de la guérison et donc de la période d’attente qui l’intègre : le temps de l’attente. François Roustang, philosophe et psychanalyste, avait déjà abordé cette notion dans son ouvrage "Savoir attendre5". Les soignants participent à l’évolution de la prise en charge des patients quel que soit le contexte et les parcours de soin. Les prises en charge hypnotiques et méditatives s’intègrent parfaitement dans cette réflexion. Mais les soignants ne peuvent rester dans un flou réglementaire de leurs pratiques à l’heure où les recommandations et l’encadrement des pratiques se multiplient.

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