Une équipe d’épidémiologistes britanniques a donc décidé de vérifier et de quantifier cet excès apparent de mortalité et d’analyser les associations entre la prise en charge routinière du diabète et la mortalité hors COVID-19 chez les patients diabétiques en comparant les périodes précédant et suivant le début de la pandémie. Cette étude de cohorte parallèle de population a été obtenue à partir de l’Audit National du Diabète britannique, National Diabetes Audit (NDA) permettant d’identifier les diabétiques en Angleterre. Le critère d’évaluation principal était les taux de décès non en lien avec la COVID-19 entre juillet 2021 et octobre 2021 chez les participants de la cohorte 2021 de COVID-19 enregistrés dans NDA sur les périodes du 1er janvier 2019 au 31 mars 2020 et du 1er janvier 2020 au 31 mars 2021 et cette mortalité a été comparée avec celle observée entre le 29 juin 2019 et le 11 octobre 2019 (période de 15 semaines équivalente en 2019) dans la cohorte de comparaison pré-COVID-19 de 2019 (sujets enregistrés dans le NDA dans la période 1er janvier 2017 au 31 mars 2018 et 1er janvier 2018 au 31 mars 2019). Dans chaque cohorte, la régression logistique multivariée a été examinée en fonction de la complétion de 8 critères de prise en charge habituelle du diabète considérés annuellement, enregistrés dans le NDA (HbA1c, pression artérielle, cholestérol, créatininémie, albuminurie, surveillance des pieds, IMC et tabagisme). L’ajustement a été fait pour le type de diabète, l’âge, le sexe, l’ethnie et les conditions socio-économiques. On comptait 3 218 570 sujets diabétiques dans la cohorte 2021 et 2 973 645 dans la cohorte de comparaison de 2019. Dans la cohorte de 2021, 30 118 décès non en relation avec la COVID-19 ont été enregistrés chez les diabétiques versus 27 132 dans la cohorte de comparaison, représentant une augmentation de 11 % (IC 95 % = 9-13). Le rapport des taux d’incidence de mortalité dans la cohorte de 2021 en comparaison de celle de 2019 était, avant ajustement, de 1.026 (1.009 – 1.043 ; p = 0.003) et ne changeait pas après ajustement pour l’âge, le sexe, l’ethnie, le niveau socio-économique et le type de diabète (rapport de taux d’incidence ajusté = 1.023 ; 1.006 – 1.040 ; p = 0.007). Dans la cohorte de 2021, 853 660 personnes, soit 26.5 %, ont eu les 8 mesures de prise en charge habituelle du diabète dans l’année 2020-2021 alors que ce chiffre était de 1 547 240, soit 48.1 % dans la cohorte 2019-2020, ce qui correspondait à une réduction relative de 44.8 % (44.7 – 45 %). Dans la cohorte de comparaison pré-COVID-19, 1 370 315 sujets diabétiques, soit 46.1 % ont reçu toutes les 8 mesures habituelles de prise en charge du diabète en 2018-2019 en comparaison avec 1 437 740, soit 48.3 % dans la cohorte 2017-2018 ce qui correspondait à une diminution relative de 4.7 % (4.5 – 4.9). La mortalité non liée au COVID-19 dans la cohorte de 2021 était supérieure chez ceux qui n’avaient pas reçu les 8 mesures correspondant à la prise en charge habituelle dans aucune des deux années précédentes (OR = 2.67 ; 2.56 – 2.77 ; p < 0.001) en comparaison de ceux qui avaient reçu les 8 mesures dans les deux années précédentes. La mortalité était aussi significativement supérieure chez ceux qui avaient reçu les 8 mesures habituelles de prise en charge en 2019-2020 mais pas en 2020-2021 (odds ratio = 1.66 ; 1.59 – 1.73 ; p < 0.001) et chez ceux qui ne les avaient pas reçues en 2019-2020 mais en 2020-2021 (odds ratio = 1.27 ; 1.20 – 1.35 ; p < 0.001). Ce type d’association était similaire dans la cohorte de pré-COVID-19. Ces résultats confirment donc bien une augmentation du risque de mortalité chez les patients qui n’ont pas bénéficié des 8 mesures habituelles de surveillance de la prise en charge du diabète dans l’une ou dans les 2 années précédant la pandémie. Ces résultats montrent clairement une augmentation du taux de mortalité non liée à la COVID-19 chez les diabétiques en Angleterre entre juillet et octobre 2021 et montrent que cette mortalité est associée à une réduction de la qualité de la prise en charge routinière du diabète du fait du début de la pandémie en 2020.
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